ARTE inaugure son cycle consacré à Claude Chabrol avec la diffusion des Noces rouges (1973) lundi 11 février à 20h55. Le film sera également disponible gratuitement en télévision de rattrapage pendant sept jours sur ARTE.tv.
Les Noces rouges s’inspire d’un fait-divers qui connut un certain retentissement en 1970 : un homme et sa maîtresse avaient assassiné le mari gênant en maquillant le meurtre en accident de voiture. Par une étrange coïncidence (ou au contraire une inspiration secrète) cette histoire vraie n’était pas sans ressemblance avec Le facteur sonne toujours deux fois, roman noir de James Cain plusieurs fois adapté au cinéma. Claude Chabrol modifie la profession des protagonistes pour enrichir cette étude criminelle d’une charge féroce contre la corruption et la médiocrité des politiciens. Il dresse le portrait peu flatteur d’un député-maire, grossier personnage et époux impuissant impliqué dans une magouille immobilière. Il est interprété par Claude Piéplu de manière inoubliable. Une fois de plus, Chabrol dépasse l’argument policier et la chronique de la vie de province pour s’intéresser à la fatalité. Les réactions de ses protagonistes font basculer le drame dans la tragédie. Les amants maudits sont prisonniers de leurs conditions, incapables de s’extraire d’un univers étouffant, sans horizon. Leurs débordements sensuels, longtemps réprimés par l’ennui conjugal, les conduisent inéluctablement vers une destinée funeste. Chabrol a voulu montrer « comment les amants avaient perdu leur liberté en voulant la conquérir. » Ils seront condamnés par la démarche d’un être pur et dévoué qui voulait démontrer leur innocence, dans un geste indécidable d’amour ou de perversité. Stéphane Audran et Michel Piccoli sont géniaux dans Les Noces rouges, l’un des meilleurs films de Chabrol.
Laisser un commentaire