Olivier Père

Une femme disparaît de Alfred Hitchcock

ARTE diffuse Une femme disparaît (The Lady Vanishes, 1938) jeudi 20 décembre à 22h30 dans le cadre de son cycle Alfred Hitchcock. Le film sera également disponible gratuitement en télévision de rattrapage pendant sept jours sur le site d’ARTE. Une femme disparaît est l’un des premiers grands succès publics d’Hitchcock, et une étape importante dans sa reconnaissance critique. Il s’agit donc d’un titre essentiel de sa période anglaise, quelques mois avant son départ pour Hollywood. Pourtant, Une femme disparaît n’était pas un projet développé par Hitchcock. Il arriva tardivement sur cette production au départ confiée au réalisateur américain Roy William Neil. Roy William Neil se blesse durant les premiers jours de travail et un incident diplomatique avec la Yougoslavie interrompt le tournage. Cette histoire d’espionnage attire la curiosité d’Hitchcock qui reprend le projet en main et fait apporter des modifications au scénario original de Sidney Gilliat et Frank Launder. L’apport personnel d’Hitchcock à un scénario déjà brillant concerne essentiellement la volonté d’accentuer les éléments de comédie, et de pratiquer un mélange des genres qui souligne le caractère rocambolesque de l’intrigue, qui se déroule dans des Balkans de fantaisie. La première partie du film, qui présente assez longuement des personnages secondaires avant d’introduire les véritables héros de ce récit d’espionnage, est très surprenante. Elle accorde beaucoup d’importance à un couple masculin de voyageurs anglais passionnés de cricket, gentiment moqués et représentants d’une excentricité mais aussi d’une détermination toutes britanniques. Ces deux personnages plairont tellement au public qu’ils réapparaitront dans d’autres films. Si le film débute comme une comédie sophistiquée inspirée du modèle hollywoodien, avec la rencontre entre une belle héritière promise à un mariage de raison et un musicologue farfelu passionné de chants folkloriques, il se poursuit comme une aventure d’espionnage particulièrement mouvementée, dans un train rempli de personnages inquiétants qui dissimulent des doubles identités. La virtuosité d’Hitchcock s’exprime alors dans le domaine de l’action et du suspens, sans négliger l’humour – une bagarre entre le héros et un magicien au milieu de ses accessoires de scène. Il faut attendre la dernière partie, avec le siège d’un wagon isolé en pleine forêt par les espions et la police locale, pour que le film adopte un ton plus dramatique, avec une situation de tension extrême qui explicite le message politique d’Hitchcock. A la veille de la Seconde Guerre mondiale, tandis que le Nazisme menace l’Europe, le film stigmatise clairement le pacifisme, dénonce la neutralité et soutient l’entrée en guerre de l’Angleterre contre l’Allemagne. Le passager du train qui agite un mouchoir blanc est tué tandis que les deux amis anglais, longtemps indifférents au drame qui se joue dans le train, prennent les armes pour sauver le petit groupe d’une mort certaine.

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