Olivier Père

L’Aventurier du Rio Grande de Robert Parrish

Dans le cadre d’une soirée consacrée à Robert Mitchum (avec un film et un documentaire inédit) ARTE diffuse dimanche 22 avril à 20h50 le très beau western de Robert Parrish. L’Aventurier du Rio Grande (The Wonderful Country, 1959) est sans conteste le meilleur film du cinéaste et offre à Robert Mitchum un rôle magnifique. L’Aventurier du Rio Grande est un western élégiaque et intimiste qui s’intéresse davantage au destin de son héros, et aux questions philosophiques que pose son existence, qu’aux habituels rebondissements et scènes d’action inhérentes aux genres. Martin Brady (Robert Mitchum) est un étranger dans son propre pays, sans cesse déchiré entre les Etats-Unis et le Mexique. Réfugié de l’autre côté du Rio Grande après avoir tué l’assassin de son père, il est devenu l’homme à tout faire (garde du corps, convoyeur, pistolero) du chef d’un clan de bandits mexicains. De retour au Texas, on lui propose de rejoindre les troupes des Rangers. Une nouvelle fois, la violence le contraindra à traverser le fleuve pour fuir la justice. Brady est un homme de nulle part malgré sa double culture (cela s’exprime dans le film à travers son apparence vestimentaire et un léger accent), méprisé par les Mexicains parce qu’il est un gringo, suspecté de trahison par les Américains… Parrish et Mitchum transcrivent à la perfection le dilemme moral et existentiel de Brady à l’écran. L’Aventurier du Rio Grande est un western atypique qui pourrait passer pour le chaînon manquant entre les films d’Anthony Mann avec James Stewart (avec un héros ambigu et déclassé, véritable paria) et ceux de Sam Peckinpah qui n’a jamais caché son amour pour le Mexique, le « merveilleux pays » du titre. Le film de Parrish surprend dès le début, avec Brady qui se casse une jambe en tombant de cheval, contraint de rester immobilisé et plâtré dans le premier tiers du récit, privilégiant les dialogues à l’action.

Les similitudes entre les personnages interprétés par James Stewart et celui de Brady ne sont pas les seuls points communs entre les westerns de Mann et L’Aventurier du Rio Grande. On y retrouve avec plaisir l’actrice et chanteuse Julie London (L’Homme de l’ouest) dans le rôle de la femme d’un officier, frustrée par la vie de garnison et qui n’est pas indifférente au charme viril et décontracté de Robert Mitchum.

L’Aventurier du Rio Grande jouit d’une réputation particulière auprès des cinéphiles et amateurs de western, bien sûr en raison du charisme et du talent extraordinaires de Robert Mitchum, parfaitement à l’aise dans ce rôle et très investi dans le projet du film, mais aussi pour les qualités spécifiques et l’originalité du travail de Robert Parrish. « Western mélancolique, lyrique par endroits, où Parrish a donné le meilleur de lui-même » écrit Jacques Lourcelles dans son Dictionnaire du cinéma et on ne peut que lui donner raison, une fois de plus.

En attendant d’écouter Bertrand Taverner à propos du film sur ce blog dans quelques jours.

L'Aventurier du Rio Grande

Robert Mitchum dans L’Aventurier du Rio Grande de Robert Parrish

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