ARTE diffuse Monsieur Ripois (1953) de René Clément lundi 12 mars à 22h35.
Monsieur Ripois est l’une des premières coproductions cinématographiques entre la France et la Grande-Bretagne. Ce titre devenu rare du cinéma des années 50 compte parmi les belles réussites de René Clément, dans une décennie où le réalisateur enchaine les productions de prestige (Jeux interdits, Gervaise…) Il s’agit de l’adaptation d’un roman autobiographique de Louis Hémon sur un Français exilé à Londres qui utilise les femmes au profit de son ascension sociale. Raymond Queneau écrivit les dialogues français, particulièrement brillants. René Clément opte pour une construction en flash-back et dresse le portrait ambigu d’un Don Juan cynique et minable, piégé par ses propres mensonges. Le film n’est pas sans évoquer l’univers de Max Ophuls, avec une conclusion qui renvoie directement à celle du Plaisir.
Monsieur Ripois confirme le talent protéiforme de René Clément et son goût pour les innovations stylistiques. Si le statut d’auteur de Clément est encore contesté en raison de la disparité de sa filmographie, ses talents de technicien mais aussi de directeur d’acteurs ne laissent planer aucun doute. Les déambulations de Gérard Philipe dans les rues de Londres furent tournées avec une caméra cachée. Clément anticipe ainsi de plusieurs années les méthodes de tournage du free cinema ou de la Nouvelle Vague. Le bilinguisme des acteurs et les annotations réalistes sur la capitale britannique participent à l’originalité et la modernité du film.
La même année que Les Orgueilleux, Gérard Philipe écorne avec le film de René Clément son image de héros positif et de jeune premier romantique. Il est exceptionnel dans le rôle d’André Ripois et interprète avec beaucoup de subtilité ce séducteur impénitent, à la fois odieux et pathétique.
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