Olivier Père

Les Trois Jours du Condor de Sydney Pollack

ARTE diffuse Les Trois Jours du Condor (Three Days of the Condor, 1975) de Sydney Pollack dimanche 4 mars à 20h55.

Les Trois Jours du Condor de Sydney Pollack s’inscrit dans la mouvance des thrillers politiques américains des années 70. Au lendemain des assassinats de JFK et de son frère Bob Kennedy, du scandale du Watergate et de la guerre du Vietnam, le gouvernement, les institutions et les services secrets subissent une grave perte de confiance. Cette crise inspire les scénaristes qui transforment l’inquiétude ou la colère des citoyens en fictions paranoïaques plus ou moins inspirées d’affaires réelles : Conversation secrète, A cause d’un assassinat, Les Hommes du président… L’originalité des Trois Jours du Condor réside dans les qualités de son héros, interprété par Robert Redford. Ce modeste employé d’un bureau de la CIA est chargé de lire tous les écrits publiés dans le monde, à la recherche d’éventuelles fuites. C’est son érudition – et peu ses muscles aussi – qui permettront à ce lecteur professionnel d’échapper aux tueurs lancés à ses trousses, lors d’une sombre affaire de contre-espionnage, qui laisse entendre qu’il existe une agence secrète infiltrée à l’intérieur de la CIA. Si la romance qu’il ébauche avec la belle Faye Dunaway lors de sa cavale ressemble à une convention hollywoodienne, le film traduit bien le malaise de cette ère du soupçon. Une ambiance à la frontière du fantastique s’insinue dans les interstices du récit. Le postulat sérieux des meilleurs titres parmi ces films politiques américains – et Les Trois Jours du Condor ne déroge pas à cette règle – était souvent contrarié par des rebondissements feuilletonesques et des atmosphères inquiétantes proches de la science-fiction. Ce sont tous des héritiers des Mabuse de Fritz Lang, à la fois serials et œuvres visionnaires. Ainsi, le tueur alsacien campé par Max von Sidow apparaît comme un pur personnage de fiction, haut en couleur et presque amusant de froide perversité, loin des figures anonymes des tristes mercenaires chargés des basses besognes des services secrets.

Catégories : Sur ARTE

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *