Olivier Père

La Planète des vampires de Mario Bava

ARTE diffuse jeudi 16 novembre à 0h05 en version restaurée une rareté réalisée en 1965 par Mario Bava, longtemps inédite en salles en France avant sa récente exhumation, présenté par Nicolas Winding Refn : Terrore nello spazio (« terreur dans l’espace »), plus connu désormais sous la francisation de son titre américain (Planet of the Vampires, distribué par AIP), La Planète des vampires.

Le film sera également disponible en télévision de rattrapage pendant sept jours sur le site d’ARTE.

Comme son titre l’indique La Planète des vampires est un film de science-fiction qui transpose dans l’espace des éléments du cinéma d’épouvante précédemment illustrés par Bava dans des longs métrages d’horreur gothique, dont le plus célèbre demeure le premier, Le Masque du démon. Après ce coup d’essai en forme de coup de maître, Bava s’était amusé à visiter les différents genres à la mode à Cinecittà dans les années 60 en leur insufflant une ambiance et des personnages empruntés au cinéma fantastique, comme le bien nommé Hercule contre les vampires ou La Ruée des vikings.

La Planète des vampires appartient à cette veine hybride. Il n’y est pas directement question de vampires, mais plutôt de la contamination et de la dévitalisation de l’équipage d’un astronef atteint par un mal mystérieux au contact d’une épave de vaisseau visitée sur une planète inconnue. Le scénario et certains éléments visuels du film de Bava, comme cette carcasse squelettique d’extra-terrestre découverte par les explorateurs, annoncent bien sûr Alien, le huitième passager de Ridley Scott, réalisé quatorze ans plus tard. Il est fort douteux que Ridley Scott ait vu le film de Bava, mais c’était sans aucun doute le cas de son scénariste Dan O’Bannon, fin cinéphile amateur de science-fiction et de série B. La Planète des vampires, comme les autres grands films de Bava, aura une influence plus ou moins souterraines chez les cinéastes de la décennie suivante, comme George A. Romero, Dario Argento ou Joe Dante. Le film n’échappe pas toujours au ridicule des productions fauchées de science-fiction tournées en Italie, mais les limites du budget son transcendées par l’inspiration visuelle de Bava, maître des images baroques et cauchemardesque, comme la résurrection au ralenti des cadavres s’extirpant de leurs linceuls de plastique. Le récit s’articule autour de l’élimination systématique des protagonistes, et de leur remplacement par une entité extraterrestre qui utilise leur enveloppe corporelle. Emprunt aux « body snatchers » de Don Siegel très significatif de la part d’un cinéaste cynique qui filma souvent ses comédiens comme des mannequins ou des pantins déshumanisés, trouvant son plaisir dans leur désarticulation. Bava construira en effet de nombreux films autour de la mise à mort de l’intégralité ou presque de la distribution, signifiant ainsi son mépris pour les acteurs et la narration traditionnelle. Le décorum de La Planète des vampires, et en particulier les costumes en simili cuir des astronautes, mélange étrange entre des uniformes SS et des combinaisons de motards tout droits sorti de Scorpio Rising invite à une lecture sadomasochiste du film. Bava est le poète de l’image pulsion, pulsion sadique ou sexuelle qu’il explicite par un usage fréquent et violent du zoom.

La Planète des vampires de Mario Bava

 

 

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