Olivier Père

La Tour du diable de Jim O’Connolly

 L’éditeur de DVD Artus ressort bientôt des oubliettes un petit film d’horreur anglais, La Tour du diable (Tower of Evil, 1972) de Jim O’Connolly. Oubli relatif puisque La Tour du diable n’est pas tout à fait une bande anonyme et possède déjà une certaine réputation, due à ses qualités particulières. Certes il s’agit d’un pur produit d’exploitation dont la recette (nudité plus gore) était particulièrement appréciée à l’époque, mais La Tour du diable est tout sauf un film banal, et se distingue par ses excès, sa folie mais aussi quelques trouvailles fort originales.

La première est de bouleverser la linéarité du récit, avec une scène d’ouverture qui montre la découverte par des marins de cadavres atrocement mutilés sur une sinistre petite île en Ecosse. La tour du titre est en fait un phare abandonné. Ainsi l’histoire surgit-elle du cerveau de la seule survivante du massacre, retrouvée en état de choc et soumise à des expériences médicales. Il est étonnant de voir dans un film la mort de presque tous les personnages programmée et anticipée de cette manière, et d’assister à un récit proprement hallucinatoire. Le film invente une forme étrange de « trip » horrifique, une greffe monstrueuse entre le Grand-Guignol et le psychédélisme. A mi-parcours du film, une fois le témoignage de la rescapée enregistré, une seconde expédition est organisée sur l’île mystérieuse. La Tour du diable s’articule alors à la fois autour de l’idée de « déjà vu » et celle de la répétition. Le récit de la jeune femme a relaté des faits de sorcellerie, d’envoûtement et de rituels macabres. La découverte d’une lance phénicienne très ancienne trouvée plantée dans le corps d’un des adolescents met les scientifiques sur la piste d’un culte dédié à la divinité Baal, et d’un trésor.

La Tour du diable de Jim O'Connolly

La Tour du diable de Jim O’Connolly

La Tour du diable, digne représentant de la « british horror » des années 70, succédant à la période faste des productions Hammer et d’un fantastique plus traditionnel, se caractérise aussi par sa violence et sa crudité, avec beaucoup plus de sexe, de sang, de corps démembrés et empalés que d’habitude. On a découvert La Tour du diable dans la mythique salle spécialisée du Brady – comme La Griffe de Frankenstein et autres joyeusetés britanniques du même tonneau – et on ne s’est jamais lassé de le revoir à intervalles réguliers sur tous les supports possibles. Contrairement à d’autres films fauchés La Tour du diable peut se targuer d’une direction artistique et d’une photographie soignées, qui nimbent le film dans une atmosphère brumeuse et macabre, traversée par des images dérangeantes. C’est davantage un film de producteur que de réalisateur. Richard Gordon a beaucoup œuvré dans le créneau du cinéma de genre anglais, des années 50 jusqu’au fameux Inseminoid en 1981. Jim O’Connolly a connu une carrière plus courte et discrète dans le cinéma bis, signant néanmoins en 1969 un chouette film d’aventures produit par Ray Harryhausen et Charles H. Schneer, La Vallée de Gwangi, le seul western avec un tyrannosaure.

La Tour du diable de Jim O'Connolly

La Tour du diable de Jim O’Connolly

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