Olivier Père

Les Trois Lumières de Fritz Lang

ARTE diffuse lundi 15 février à minuit trente Les Trois Lumières (Der Müde Tod, 1921) présentée dans une version restaurée par ARTE / ZDF, avec une nouvelle orchestration enregistrée en ciné concert le 12 février 2016 lors de la Berlinale, interprétée par l’Orchestre symphonique de la Radio de Berlin sous la direction de Frank Strobel.

Parmi les chefs-d’œuvre de la période muette de Fritz Lang, Les Trois Lumières (son septième long métrage) explore le thème du Destin qui revient inlassablement dans l’œuvre du cinéaste allemand. Le Destin contre volonté de l’homme de lutter contre l’implacable ordonnance de la vie et de la mort, programmées à l’avance par des forces supérieures. Production à l’architecture interne à la fois puissante et d’une grande variété d’inspiration, capable d’accueillir des formes visuelles et narratives d’origines diverses Les Trois Lumières se présente comme « une chanson populaire allemande en six strophes. »

Une femme tente d’arracher son amant à la Mort. Cette dernière adopte l’apparence d’un homme à la sombre silhouette longiligne, le visage blafard et las. C’est la Mort fatiguée par les vains efforts des humains pour lui échapper, qui accorde à cette femme un ultimatum : si elle peut sauver au moins une des trois vies dont la flamme vacille, alors l’homme qu’elle aime lui sera rendu.

Les trois vies sont symbolisées par trois bougies sur le point de se consumer, au milieu d’une forêt de cierges dont les lignes blanches organisent un espace filmique résolument vertical – ailleurs des plans récurrents utilisent aussi des caches latéraux pour renforcer cette sensation de chute. La demeure de la Mort, fermée par un immense mur sans ouverture, constitue l’une des images les plus marquantes du film.

Les trois histoires successives nous plongent dans des mondes passés et exotiques, où l’amour ne parvient pas à triompher de la mort. Bagdad au IXème siècle, Venise au XVIIème siècle, la cour de l’Empereur de Chine. Les décors et les costumes empruntent à la mode orientale qui sévissait en Europe au début des années 20. La troisième histoire située en Chine offre un spectacle sidérant avec des effets spéciaux qui jouent avec les différentes échelles de grandeur, faisant apparaître toute une armée miniature.

Variant les registres, de la bouffonnerie à la pure tragédie, mais aussi les esthétiques, Lang témoigne d’une maîtrise impressionnante. S’affirme déjà, à l’orée des années 20, la supériorité d’un cinéaste porteur d’un jugement perçant sur l’homme et ses inquiétudes, capable de l’exprimer à la perfection par l’organisation du temps et de l’espace dans un récit à caractère fantastique.

 

 

 

Les Trois Lumières sera également disponible en télévision de rattrapage pendant sept jours sur ARTE+7.

 

 

 

 

 

 

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