ARTE diffuse L’Évadé d’Alcatraz (Escape from Alcatraz, 1979) de Don Siegel dimanche 24 janvier à 20h50. Le film s’inspire de l’histoire vraie de Frank Morris et de ses deux complices qui réussirent en 1962 une évasion réputée impossible de la prison d’Alcatraz, située sur l’île du même nom dans la Baie de San Francisco. L’Evadé d’Alcatraz est le dernier grand titre de Don Siegel. C’est aussi la conclusion de sa collaboration avec Clint Eastwood (photo en tête de texte), qui le considérera toujours comme son maître – avec Sergio Leone – lorsqu’il deviendra cinéaste. Après quelques grandes réussites communes (Les Proies, L’Inspecteur Harry) les deux hommes se retrouvent pour un modèle du film de prison. Le scénario fut établi d’après des recherches documentaires et suit de près la véracité des faits, tandis que Siegel adopte un style étonnamment dépouillé, en totale symbiose avec l’interprétation minérale de Eastwood. L’univers pénitentiaire déshumanisé, où la mort semble être le seul moyen de s’en échapper est parfaitement décrit par le film. La photographie de Bruce Surtees, surnommé « le prince des ténèbres » à Hollywood, évacue les couleurs vives et accentue les teintes sombres et monochromes. Siegel élude volontairement toute forme de psychologie pour privilégier une approche behaviouriste. La minutie de la mise en scène de Siegel, son austérité, sa précision silencieuse dans l’enregistrement des gestes de la préparation de l’évasion évoquent davantage Un condamné à mort s’est échappé de Robert Bresson ou Le Trou de Jacques Becker que la tradition hollywoodienne du drame carcéral auquel L’Evadé d’Alcatraz se rattache pourtant. L’inoubliable scène du mannequin a été récemment cité par Deniz Gamze Ergüven dans son premier long métrage Mustang (autre récit d’évasion, au féminin cette fois), en lice pour l’Oscar du meilleur film étranger.
L’Évadé d’Alcatraz de Don Siegel
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