La Rabbia en association avec Bac Films ressort en salles mercredi 15 juillet Le Convoi de la peur sous son titre américain original Sorcerer. Le chef-d’œuvre de William Friedkin réalisé en 1977 a fait peau neuve il y a quelques années grâce à une version restaurée et remasterisée par Friedkin lui-même, qu’on pourra bientôt admirer dans les salles françaises après sa réédition en Blu-ray, et sa diffusion sur ARTE au mois de janvier.
Trois hommes de nationalités différentes, un gangster américain (Roy Scheider), un banquier français (Bruno Cremer) et un terroriste palestinien (Amidou), chacun recherché par la police de son pays, s’associent pour conduire un chargement de nitroglycérine à travers la jungle sud-américaine, afin de stopper l’incendie d’une exploitation pétrolière. La cargaison hautement explosive est uniquement transportable par voie routière, expédition qui relève de la mission suicide. Mais les trois aventuriers ont désespérément besoin d’argent pour quitter ce lieu infernal… Un quatrième homme (Francisco Rabal), tueur à gages lui aussi en fuite, les rejoint au dernier moment dans ce dangereux périple.
Ce prétendu remake du Salaire de la peur de Henri-Georges Clouzot a acquis une réputation exceptionnelle au fil des ans, au même titre que trois autres nouvelles versions modernisées de grands films classiques d’abord méprisées ou incomprises lors de leurs sorties au début des années 80, aujourd’hui admirées par les amateurs de cinéma : The Thing de John Carpenter, La Féline de Paul Schrader et Scarface de Brian De Palma. Trois cinéastes qui s’engouffrent dans la violence et le pessimisme le plus total comme Friedkin avant eux.
Mais Sorcerer, qu’on a le droit de préférer au film de Clouzot demeure un cas à part dans l’histoire mouvementée du Nouvel Hollywood.
Ce récit d’aventure moderne sur le thème du destin et de la dualité au cœur de chaque être humain (« personne n’est quelque chose et rien de plus » – « No one is just anything » est prononcé au début du film dans l’épisode parisien, comme une sentence éclairant ce qui va suivre) dresse aussi, à la différence du film de Clouzot, le tableau géopolitique d’un monde qui bascule dans le chaos, régi par des forces opaques – mafieuses, financières et politiques qui broient les individus, leur interdisant toute forme de salut.

Roy Scheider dans Sorcerer
Fascinant, éprouvant pour les nerfs et magnifiquement interprété par Roy Scheider, Bruno Cremer, Francisco Rabal et Amidou, Sorcerer connut un des tournages les plus compliqués de l’histoire du cinéma avant d’accéder au statut de chef-d’œuvre maudit.
Il s’agit sans doute du film le plus passionnant de Friedkin et d’un titre majeur du cinéma américain contemporain. L’hyperréalisme cher à l’auteur de French Connection, le goût du cinéaste pour les ambiances à la fois cauchemardesques et documentaires, débouchent dans Sorcerer sur des images criantes de vérité (aucun trucage) et en même temps proches de l’hallucination, grâce au montage, à l’investissement physique des comédiens et à la musique obsédante du groupe de rock progressif allemand Tangerine Dream.
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