Olivier Père

Classe tous risques de Claude Sautet

Dans le cadre de son « printemps du polar » ARTE diffuse dimanche 22 mars à 20h45 Classe tous risques (1960), l’admirable premier long métrage officiel de Claude Sautet, polar âpre et violent inspiré par les maîtres américains avec Lino Ventura et Jean-Paul Belmondo (la même année que A bout de souffle), adapté d’un roman de José Giovanni.

Gangster condamné à mort par contumace et recherché par la police, Abel Davos (Lino Ventura) s’est réfugié en Italie avec sa femme Thérèse et ses deux enfants. Mais après un coup avec son ami Raymond, sur le point d’être retrouvé, il doit rentrer clandestinement en France…

D’abord méprisé par la critique au moment de sa sortie Classe tous risques est un grand film noir sur la chute d’un homme, débarrassé du folklore de la pègre, et l’un des meilleurs titres du genre policier réalisé en France dans les années 60.

Claude Sautet a voulu traiter du thème de la déchéance. Sa femme et son ami tués sous ses yeux, perpétuellement en fuite, contraint d’infliger à ses jeunes enfants une situation traumatisante, le personnage central de Classe tous risques est un homme traqué, honteux de sa condition, mort en sursis qui sait que sa fin est inéluctable. Lino Ventura, excellent, apporte à Davos une dimension pathétique, et même tragique.

 

Pour accompagner la redécouverte de ce film sur ARTE on ne saurait trop conseiller le livre de Michel Boujut réédité l’année dernière par l’Institut Lumière / Actes Sud, « Conversations avec Claude Sautet », bel exemple d’ouvrage de cinéma passionnant qui donne la parole à un cinéaste sur son œuvre. Sautet y revient bien sûr longuement sur Classe tous risques, de l’écriture au tournage en passant par la mise en scène et le choix des acteurs.

Claude Sautet y révèle qu’il ne découvrit qu’après la sortie de son film que le personnage de Davos avait été inspiré à l’auteur du roman original et scénariste José Giovanni par Abel Danos, gangster qui avait appartenu pendant l’occupation à la bande de Bony-Lafont, droits communs connus pour avoir aidé la Gestapo en dénonçant des résistants.

« L’aurais-je su que je n’aurais peut-être pas fait le film. » (Claude Sautet)

 

 

 

 

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