Dans le cadre de son « printemps du polar » ARTE diffuse le lundi 16 mars à 22h35 Le Dahlia bleu (The Blue Dahlia, 1946) de George Marshall. Le Dahlia bleu est l’un des sept films mettant en vedette le couple extrêmement populaire formé à l’écran par Alan Ladd et Veronica Lake (photo en tête de texte), réunis pour la première fois en 1942 dans Tueur à gages et dans La Clé de verre diffusé le 9 mars sur ARTE. Le Dahlia bleu est aussi l’unique scénario original de Raymond Chandler porté à l’écran, lorsque la célébrité du romancier américain lui ouvrit les portes de Hollywood. Mais Chandler, à l’instar de nombreux autres écrivains tentés par les sirènes du cinéma, s’adaptera fort mal au système des studios et en exprimera beaucoup d’aigreur et de ressentiment. Il déclarera détester Le Dahlia bleu, accusant les producteurs d’avoir dénaturé son histoire par une pirouette finale permettant un « happy end » ajouté derrière son dos. De toutes manières, Le Dahlia bleu avec son intrigue tarabiscotée regorge d’invraisemblances et met à mal la crédulité du spectateur. Modèle de cinéma « pulp » pour les uns, ersatz de film noir pour les autres, Le Dahlia bleu est surtout un « whodunit » (« qui a tué ? ») prétexte à une galerie de personnages archétypaux du film noir évoluant dans le luxe clinquant d’un Los Angeles des années 40 reconstitué en studio, dont la première partie – le retour à la vie civile d’un homme dont l’enfant est mort quand il était au front, la découverte de la déchéance de son épouse – constitue la meilleure part.

Alan Ladd dans le Dahlia bleu
Démobilisé, l’aviateur Johnny Morrison (Alan Ladd) retrouve sa femme Helen en compagnie d’un individu louche, Eddie Harwood (Howard Da Silva), patron d’une boîte de nuit, le Dahlia Bleu. Johnny erre dans la nuit et rencontre une mystérieuse jeune femme, Joyce (Veronica Lake). Le lendemain, Morrison apprend que sa femme vient d’être assassinée. Il devient rapidement le principal suspect aux yeux de la police, tandis que deux anciens camarades de l’armée vont tout faire pour l’innocenter.
L’un de ces amis est la figure la plus pittoresque du film : Buzz, invalide de guerre avec une plaque de métal dans la tête, sujet à de violentes migraines et à des accès de violence déclenchés par la « monkey music » diffusée dans les bars ou les bungalows voisins. Buzz est campé par William Bendix, « character actor » au physique d’homme de Néandertal et au fort accent de Brooklyn qui sera le comparse de Ladd dans plusieurs films – c’est lui qui lui casse la figure à répétition dans La Clé de verre.
C’est en référence au Dahlia bleu qui rencontra un très large succès public que Elizabeth Short, starlette dont le meurtre atroce défraya la chronique en 1947 (un an après la sortie du film), avait été surnommée le dahlia noir…
Cette ténébreuse affaire criminelle a ensuite inspiré James Ellroy pour son fameux roman Le Dahlia noir (1987) adapté par Brian De Palma en 2006 – le film est diffusé sur ARTE le lundi 23 mars.
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