Olivier Père

Les Canons de Navarone de Jack Lee Thompson

Histoire de conclure en fanfare son cycle des fêtes de Noël sur les films à grand spectacle ARTE diffuse dimanche 4 janvier à 20h45 Les Canons de Navarone (The Guns of Navarone, 1961) de Jack Lee Thompson avec Gregory Peck, David Niven et Anthony Quinn (photo en tête de texte, avec James Darren) dans les rôles principaux. Durant la Seconde Guerre mondiale, un commando constitué d’officiers britanniques et de résistants grecs est chargé d’une périlleuse mission : détruire deux énormes canons allemands situés sur l’île de Khéros.

Gros succès commercial des années 60 cette superproduction lança la mode des films montrant des opérations commandos organisées par les forces alliées en Europe, comme Les Douze Salopards, Quand les aigles attaquent et de nombreux autres titres moins connus.

David Niven et Gregory Peck dans Les Canons de Navarone

David Niven et Gregory Peck dans Les Canons de Navarone

Il s’agit du premier grand film international du britannique Jack Lee Thompson, cinéaste industriel qui poursuivra sa carrière au service d’acteurs (Gregory Peck, Anthony Quinn puis Charles Bronson à l’apogée e son monolithisme) ou de producteurs (Dino de Laurentiis puis Menahem Golan et Yoram Globus en fin de parcours – Thompson passera donc des canons à la Cannon) sans jamais faire preuve de la moindre personnalité ni renouer avec l’immense succès populaire des Canons de Navarone. On est en droit de lui préférer d’autres solides faiseurs comme Michael Anderson ou John Guillermin mais Jack Lee Thompson s’est néanmoins illustré avec un certain bonheur dans le film d’aventures (La Conquête de la planète des singes) ou le thriller (Les Nerfs à vif), parvenant à réjouir les amateurs de cinéma bis avec des productions aussi étranges que Eye of the Devil, Le Bison blanc ou Passeur d’hommes. Jack Lee Thompson est également le responsable de certains des polars sécuritaires les plus malsains et brutaux interprétés par Charles Bronson dans les années 80 : Le Justicier de minuit et son tueur en série exhibitionniste, L’Enfer de la violence et son docteur tortionnaire, Kinjite, sujet tabous et son réseau de prostitution de mineures japonaises à Los Angeles.

On peut affirmer sans risque que le véritable auteur des Canons de Navarone est son producteur et scénariste Carl Foreman, spécialiste auprès de Stanley Kramer des projets engagés et sociaux du cinéma américain de la fin des années 40 et du début des années 50. Ses titres de gloire demeurent les scénarios de C’étaient des hommes et Le train signera trois fois, tous deux réalisés par Fred Zinnemann – ce dernier film étant un western au propos politique progressiste évident produit au moment où Foreman était victime du maccarthysme et inscrit sur la liste noire de Hollywood. Exilé en Grande-Bretagne il écrira avec un autre « blacklisté » Michael Wilson le scénario du Pont de la rivière Kwaï sans pouvoir être crédité au générique. Le retentissement du film de David Lean donnera sans doute à Foreman l’idée de produire et d’écrire un autre film de guerre à gros budget, Les Canons de Navarone, aux ambitions humanistes et pacifistes clairement revendiquées par le scénariste producteur et sa vedette, Gregory Peck.

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