Olivier Père

La Dernière Vague de Peter Weir

ARTE consacre la soirée du 22 septembre au réalisateur australien Peter Weir – qui a fêté le 21 août son soixante-dixième anniversaire – avec la diffusion à 20h50 de Mosquito Coast (1986) et de La Dernière Vague (The Last Wave, 1977) à 22h40. Si l’on ajoute The Truman Show et Witness diffuse cet été, plus Pique-nique à Hanging Rock en août 2013 et d’autres films en prévision dans les mois à venir on aura bientôt fait le tour sur ARTE de l’œuvre complète d’un réalisateur qui mérite bien cet hommage.

La Dernière Vague

La Dernière Vague

La Dernière Vague appartient à la période australienne de Weir, au début de sa carrière, avant qu’il ne s’exile aux Etats-Unis comme nombre de ses compatriotes dans les années 80 (George Miller, Bruce Beresford…) et creuse une thématique déjà abordée dans ses premiers longs métrages Les voitures qui ont mangé Paris et surtout Pique-nique à Hanging Rock : le choc entre la culture aborigène, quasiment immuable depuis la préhistoire et en état de survie parmi les derniers représentants de ce peuple en perdition dans les grandes villes, et la culture occidentale importée par les premiers colons venus d’Angleterre, dont les descendants, devenus les nouveaux Australiens, sont pourtant des étrangers à leur propre terre puisqu’ils en ignorent les croyances et les traditions millénaires. Loin de l’Australie Peter Weir poursuivra son exploration de l’altérité avec des films centrés autour de figures solitaires plongées dans des mondes hostiles aux codes inconnus.

La Dernière Vague commence là où Pique-nique à Hanging Rock s’arrêtait, poursuivant dans la société moderne la dénonciation de cet « oubli » volontaire dans lequel les Aborigènes et leurs croyances furent plongés par les colons.

David Burton (Richard Chamberlain) est avocat spécialisé en droit des sociétés à Sydney. La ville est l’objet de pluies diluviennes, de grêle et autres phénomènes météorologiques étranges. Il est un jour commis d’office pour défendre cinq aborigènes qui ont tué un camarade lors d’une rixe. Burton tente d’en savoir plus et comprend qu’il s’agit d’un meurtre tribal, tandis qu’il ne tarde pas à faire le rapprochement entre ses nouveaux clients et les rêves apocalyptiques qui le hantent chaque nuit, et qui s’avéreront prémonitoires. Le héros de La Dernière Vague est un « alien » à plus d’un titre : Australien d’adoption, né en Europe, parfait représentant de la bourgeoisie urbaine, il va entrer en contact avec la spiritualité aborigène, d’abord de manière inconsciente et onirique, puis par l’intermédiaire des membres d’une tribu, et découvrir ses pouvoirs médiumniques enfouis.

Richard Chamberlain et

Richard Chamberlain et David Gulpilil

La Dernière Vague souscrit aux codes du cinéma fantastique et même du film catastrophe pour montrer le désastre d’un pays ayant occulté ses origines, son rapport magique à la terre et aux éléments naturels. Avec une grande économie de moyens et un redoutable talent de metteur en scène Weir parvient à créer une atmosphère oppressante de fin du monde, et La Dernière Vague appartient à une certaine tendance alarmiste du fantastique de l’époque, entre ethnologie, mysticisme et écologie, comme quatre ans plus tard Wolfen de Michael Wadleigh. Une forme de cinéma visionnaire – et typiquement australien – que Weir délaissera peu à peu pour des récits davantage ancrés dans un contexte historique ou réaliste sans pour autant totalement renoncer à la fable et à l’allégorie.

 

 

 

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