Olivier Père

Loulou de Maurice Pialat

ARTE diffuse lundi 7 juillet à 20h50 le très beau Loulou (1980), qui marque la première collaboration entre Gérard Depardieu et Maurice Pialat. Loulou est un récit autobiographique dans lequel le cinéaste met en scène un épisode douloureux de sa vie. Un homme, André, est trompé par sa compagne, Nelly, qui part vivre avec un petit voyou sympathique, Loulou. Nelly tombera enceinte, se fera avorter et finira par quitter Loulou pour retrouver André. Une histoire simple, dans la lignée de Nous ne vieillirons pas ensemble, qui place une fois de plus la lutte des classes sur le terrain amoureux. André et Nelly appartiennent à un milieu aisé et intellectuel, tandis que Loulou est un chômeur vivant de larcins, un loubard des faubourgs. L’attirance entre Nelly et Loulou est purement sexuelle, elle ne mènera nulle part et se conclura par un échec. Pialat choisit Guy Marchand pour jouer André (transposition du cinéaste à l’écran), Isabelle Huppert et Gérard Depardieu, stars montantes du cinéma français, seront Nelly et Loulou. Isabelle Huppert, géniale, réussit l’exploit de jouer la même année dans trois chefs-d’œuvre, Sauve qui peut (la vie) de Jean-Luc Godard, Loulou et La Porte du paradis, devant s’éclipser du tournage de Pialat pour rejoindre Cimino et ses interminables prises de vue dans le Montana. Ce ne sera pas l’entente cordiale entre Pialat et Depardieu. Le cinéaste malmène l’acteur, lui reproche d’être paresseux, pas assez professionnel. Depardieu donne l’impression de ne pas jouer, d’être vraiment Loulou, avec un naturel qui l’on retrouve chez les comédiens amateurs que Pialat aime fréquemment employer. Heureusement, Depardieu saura pardonner l’agressivité de Pialat, qui ne s’épargne rien en consacrant un film à l’amant de la femme qu’il a aimé. Ils se retrouveront pour Police, cinq ans plus tard, puis pour Sous le soleil de Satan (Palme d’or au Festival de Cannes en 1987) et enfin dans Le Garçu, œuvre plus apaisée de Maurice Pialat dans laquelle Depardieu n’est plus l’amant mais le mari, et finalement le double cinématographique du cinéaste. Les deux hommes ont appris à s’aimer et à se connaître, leur complicité et leur admiration sont désormais totales et réciproques.

 

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