Olivier Père

La Servante de Kim Ki-young

ARTE diffuse lundi 16 juin à 22h30 La Servante (Hanyo, 1960) classique vénéneux du cinéma coréen de Kim Ki-young.

Il sera précédé le même soir à 20h50 de son remake en couleur réalisé par Im Sang-soo, The Housemaid.

La Servante

La Servante

Un professeur de musique et sa famille emménagent dans une maison plus grande. A la demande de son épouse, le professeur engage une domestique, jeune femme mystérieuse qui va devenir sa maîtresse. Le nouveau domicile familial devient le théâtre d’un angoissant huis-clos, qui va basculer dans la violence. Le noir et blanc contrasté, les plans obstrués et les décors anxiogènes créent un espace vertical et une atmosphère claustrophobe (la maison s’élève sur plusieurs étages, avec un escalier étroit, un grenier et des petites pièces encombrées) digne des meilleurs films d’horreur.
La Servante, huitième film de Kim Ki-young, marque un tournant dans le travail du cinéaste coréen. Ce film eut un tel impact dans la carrière de Kim Ki-young qu’il en réalisa lui-même deux nouvelles versions à dix ans d’intervalle, qui constituent un véritable triptyque dans sa filmographie : La Femme de feu (Hwanyeo) en 1971 et un autre film avec un titre identique (Hwanyeo’82) onze ans plus tard. Cette histoire de vampirisation cristallise en effet les obsessions de ce cinéaste passionné par la cruauté des relations sociales et privées entre hommes et femmes, l’étude de pathologies ou de situations douloureuses donnant chez lui naissance à des mélodrames paroxystiques d’une folie sans égale, qui lui ont valu d’être comparé à Stroheim ou Buñuel.
Chez Kim Ki-young le personnage de la servante est présentée comme l’élément pervers et maléfique qui va s’immiscer dans une famille ordinaire pour la détruire, tandis que Im Sang-soo inverse ce dispositif en montrant une famille très riche et puissante parvenant à briser un corps prolétaire, objet de désir devenu un dangereux élément perturbateur : le mal a changé de camps.
L’une des premières étapes de la (re)découverte de Kim Ki-young hors de son pays fut la rétrospective la plus complète possible à l’époque – une vingtaine de titres – organisée par la Cinémathèque française en novembre décembre 2006, avec la participation du Korean Film Council et de plusieurs jeunes réalisateurs coréens souhaitant témoigner de leur admiration pour le maître Kim. En 2008, la Korean Film Archive a entrepris la restauration de son chef-d’œuvre La Servante, avec le soutien de la World Cinema Foundation de Martin Scorsese. C’est cette version qui est diffusée par ARTE, après avoir fait l’objet d’une belle réédition en salles et en Blu-ray en France grâce au distributeur Carlotta en 2012.
Les deux films, l’original et son remake, passionnants à mettre en perspective, seront disponibles sur ARTE+7.

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