Pour fêter en beauté le Nouvel An chinois ARTE diffuse ce soir à 20h45 Détective Dee : le mystère de la flamme fantôme (Di Renjie: Tong tian di guo, 2010) de Tsui Hark.
L’histoire se déroule en Chine, en l’an 690, durant la période trouble correspondant à l’ascension de l’impératrice Wu Ze Tian. Tout est prêt pour la cérémonie du couronnement et la petite ville de Chang-An est dans ses habits de fête. Mais une série de morts mystérieuses menace l’intronisation de Wu Ze Tian. L’impératrice décide alors de faire appel au seul homme capable de percer ce mystère : Le juge Ti, de retour après huit ans de prison pour insolence et insubordination…
Inspiré par un authentique détective de la Chine des Tang, le détective Dee – sous le nom du juge Ti – a fait l’objet d’une série de romans populaires écrits par l’auteur néerlandais Robert Van Gulik, diplomate et orientaliste du siècle dernier. Mais Tsui Hark n’adapte pas la prose de Van Gulik et préfère revenir aux sources chinoises de ce personnage à la fois réel et légendaire.
Tsui Hark est intimement lié à l’âge d’or du cinéma de Hong Kong dans les années 80, où il fut l’un des principaux artisans du renouveau et du foisonnement de la production locale, comme producteur et réalisateur de quelques-uns des plus géniaux films hongkongais modernes : Zu, les guerriers de la montagne magique, Green Snake, The Lovers, la saga Il était une fois en Chine ou The Blade. L’œuvre de Tsui Hark a souvent revisité l’histoire de la Chine, ses légendes et ses traditions, y compris cinématographiques (le « wu xia pian », film de sabre en costumes) en y injectant des trouvailles formelles, des effets spéciaux et des chorégraphies à la démesure de son imagination visionnaire, mais respectueuse d’un genre auquel King Hu avait apporté ses premières lettres de noblesse.
Après des réalisations moins réussies, Détective Dee : le mystère de la flamme fantôme renoue avec les meilleurs films de Tsui Hark, excitants visuellement, riches en émotions fortes et en idées délirantes (ici la combustion spontanée des victimes, les insectes de feu, la statue de bouddha géante, la ville inondée, la transfiguration de certains personnages…) Cette évocation romancée de la Dynastie Tang bénéficie de moyens gigantesques, la plupart des réalisateurs originaires de Hong Kong (Tsui Hark et John Woo en tête) mettant désormais en scène des superproductions destinées aux millions de spectateurs de la Chine continentale. Le tournage de Détective Dee : le mystère de la flamme fantôme s’est étalé sur deux ans, dans des décors immenses et avec des milliers de figurants. Mais Tsui Hark évite tout monumentalisme académique et conserve son style feuilletonesque et baroque, l’humour et l’esprit iconoclaste de ses œuvres de jeunesse. Magistral et ludique, surchargé d’images poétiques, ce « wu xia » à la frénésie virevoltante transpire le plaisir de filmer et nous montre un Tsui Hark en pleine forme. Le réalisateur a depuis signé un « prequel » aux aventures du détective Dee, Young Detective Dee: Rise of the Sea Dragon sur la jeunesse du héros – donc sans Andy Lau – qui devrait sortir cet été dans les salles françaises.
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