Olivier Père

To Be or Not To Be de Ernst Lubitsch

Les Acacias ressortent demain en salles et en copies neuves To Be or Not to Be / Jeux dangereux, sommet de l’œuvre d’Ernst Lubitsch réalisé en 1942. Il faut les remercier car c’est l’un des plus beaux films de l’histoire du cinéma, l’art comique du grand cinéaste poussé à sa perfection. Varsovie, août 1939. Une troupe répète une pièce antinazie et joue « Hamlet ». Dans le rôle-titre, Joseph Tura (Jack Benny), un cabot exécrable, est interrompu tous les soirs au début de son monologue par un spectateur qui quitte la salle. Il s’agit en fait d’un code entre une femme mariée et un jeune soldat : le prétendant (Robert Stack) part rejoindre dans sa loge la propre épouse de Tura (Carole Lombard, dans son dernier rôle avant son accident d’avion fatal.) Après l’invasion de la Pologne par l’armée allemande, les comédiens et le militaire vont sauver la résistance polonaise en empêchant un agent double de communiquer ses renseignements à la Gestapo, grâce à des stratagèmes et déguisements empruntés au théâtre. Ce classique absolu fut très mal reçu à sa sortie en raison de son humour féroce, son absence de sentimentalisme, et l’audace de certaines plaisanteries. Le chef-d’œuvre de Lubitsch, même s’il participe à l’effort de guerre de la production hollywoodienne, se distingue de tous les films de propagande de l’époque, par la subtilité prodigieuse de son écriture et les nombreux thèmes abordés, parmi lesquels le couple et le théâtre. On connaît davantage Jeux dangereux sous son titre original To Be or Not To Be. La plus fameuse tirade shakespearienne, d’une importance capitale dans le récit, donne au film de Lubitsch sa véritable signification. Il s’agit d’être libre ou pas, intelligent ou pas, résistant ou pas. Lubitsch livre ici sa philosophie hédoniste de la vie. Liberté des désirs amoureux, liberté d’esprit et liberté politique sont indissociables; l’amour des femmes et du théâtre s’oppose à la barbarie et à la bêtise nazies.

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Un commentaire

  1. Bertrand Marchal dit :

    J’ai vu ce film hier. C’était mon premier Lubitsch et mon deuxième Lombard.

    D’abord, il offre la preuve qu’un bon film n’a pas d’époque: on rit aujourd’hui comme hier. C’est vraiment drôle, les dialogues sont pétillants, l’humour se décline sur des modes variés, ironie, répétition, absurde, au service d’une histoire dont la morale est simple et puissante: l’art, c’est la vie.

    A ce titre, la scène clé du film est bien sûr celle où la survie du groupe se joue sur la récitation de quelques lignes de Shakespeare interprétées par un acteur qui est d’habitude cantonné aux rôles de hallebardier. C’est son heure de gloire, et à travers sa gloire, c’est la gloire du théâtre, de l’art qui décloisonne le monde et tisse des liens. L’art qui permet aussi de faire croire à cette histoire où des acteurs Polonais se font passer pour des officiers Allemands, et parlent donc un allemand parfait. L’anglais pour tout le monde résout le problème!

    La même année, les États-Unis entraient en guerre et Carole Lombard mourrait.

    Lombard est une actrice merveilleuse. Je vais m’intéresser au reste de sa filmo.

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