On reparlera bientôt de Matarazzo en général et de certains de ses films en particulier, car la rétrospective que lui consacre actuellement la Cinémathèque française est l’événement cinéphilique de l’été.
Commençons par la fin, avec l’une des dernières grandes réussites – même s’il nous reste beaucoup de ses films à découvrir – du cinéaste italien, projetée dimanche 21 juillet à 21h30.
La Fille de la rizière (La risaia, 1956) situé dans le milieu des « mondine » fait évidemment référence à Riz amer (Riso amaro, 1949) de Giuseppe De Santis qui pariait aussi sur l’érotisme prolétaire de son héroïne (Silvana Mangano) avec les fameuses cuissardes et culotte courtes des ouvrières saisonnières chargées de l’entretien des plantations de riz dans les champs inondés. Les deux films ont le même producteur, Dino De Laurentiis qui s’associe avec Carlo Ponti pour réitérer le succès du film de De Santis avec La Fille de la rizière. Pourtant les deux films sont différents. Le Cinémascope et l’Eastmancolor remplacent le noir et blanc, le mélodrame le néo-réalisme dégradé mâtiné de roman policier. La couleur et l’écran large magnifient la campagne piémontaise et donnent aussi au film une grande ampleur. Matarazzo, auteur d’une quarantaine de films, essentiellement des comédies et des mélodrames, est sans doute le cinéaste qui demeure encore le plus sous-estimé du cinéma italien, sans doute parce qu’il a œuvré dans des genres populaire sans jamais prétendre au statut d’auteur ou de maître. Et pourtant.
La Fille de la rizière permet d’admirer la beauté spectaculaire d’Elsa Martinelli dans son premier grand rôle en Italie un an après avoir été découverte à Hollywood par Kirk Douglas qui lui avait offert le rôle d’une Indienne dans La Rivière de nos amours, superbe western d’André de Toth. L’actrice débutante, alors âgée de vingt ans, interprète avec beaucoup de conviction Elena, objet du désir de plusieurs hommes : un bourgeois corrupteur et un ouvrier salvateur, sans parler de son père caché qui l’aime tendrement en secret sans oser lui avouer ses origines. Ce mélodrame déchirant, plein de larmes, d’amour et de violence n’a rien à envier à ses équivalents américains, basculant presque du côté de la tragédie avec le thème de l’amour impossible. Il y a même quelque chose d’hollywoodien dans le cinéma de Matarazzo, par opposition au néo-réalisme, à l’instar des films de Riccardo Freda, son ami et son collaborateur sur certaines productions.
Le film est projeté à la Cinémathèque française dimanche 21 juillet à 21h30.
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