Olivier Père

Cannes 2013 Jour 10 : Le Tombeur de ces dames de Jerry Lewis (Cinéma de la plage)

Ce soir au Cinéma de la plage (projection ouverte à tous et gratuite) on pourra revoir Le Tombeur de ces dames (The Ladies Man, 1961) en version restaurée, dans le cadre de l’hommage que le Festival de Cannes rend à Jerry Lewis.

Il ressortira en salles le 10 juillet, distribué par Swashbuckler en même temps que d’autres films réalisés ou seulement interprétés par le génial Jerry Lewis : Docteur Jerry et Mister Love (The Nutty Professor, 1963) sans doute le classique le plus parfait de Jerry Lewis, Artistes et Modèles (Artists and Models, 1956) de Frank Tashlin dont on a déjà parlé ici et Un galop du diable (Money from Home, 1953) de George Marshall qu’on a jamais vu.

Entre hilarité et angoisse, clownerie et sophistication, Jerry Lewis parle de l’homo americanus dans tous ses films et dans Le Tombeur de ces dames en particulier. Quand l’obsession sexuelle conduit à la castration et à l’impuissance…

Le Tombeur de ces dames

Le Tombeur de ces dames

Un universitaire est victime d’un choc émotionnel violent. Le jour de la remise de son diplôme, il découvre l’infidélité de sa fiancée et jure de ne plus jamais faire confiance à une femme. Sa misogynie le plonge dans un délire qui lui rend insupportable la moindre présence féminine. Un jour, à la suite d’un malentendu, il est engagé comme homme à tout faire dans… un pensionnat de jeunes filles. Seul élément masculin dans un univers clos peuplé de créatures affriolantes en quête d’un mari, il va devoir affronter ses phobies et tenter de surmonter son traumatisme.

Deuxième long métrage de Jerry Lewis, Le Tombeur de ces dames est l’affirmation, jusqu’à l’exhibitionnisme, des ambitions et des audaces du clown transformé en cinéaste démiurge. Lewis est le dernier représentant d’une tradition du music-hall (le film est construit selon le principe d’épisodes comiques autonomes) mais aussi un artiste moderne, en phase avec les bouleversements formels des années 60, au sein même du divertissement hollywoodien. Ainsi, le décor du pensionnat est l’objet d’un effet de distanciation : il s’agit d’une maison de poupées géante coupée en deux dont chaque pièce est explorée par la caméra dans un plan virtuose. Le travail sur la couleur place aussi le film aux confins de l’expérimentation, comme en témoigne la fameuse scène onirique de la femme vampire, silhouette noire émergeant d’une chambre blanche. Mais Lewis ne se contente pas d’utiliser la machinerie des studios comme un luxueux jouet. Son film dessine le profil psychanalytique de l’homme américain, et envisage les rapports entre les hommes et les femmes, faussés par le culte de la séduction et de la beauté, sous la forme d’un cauchemar agressif et clinquant. Un chef-d’œuvre.

 

 

 

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