Olivier Père

L’Epave de Willy Rozier

Bach films exhume de l’oubli quatre films de Willy Rozier avec une collection de DVD qui jette un coup de projecteur sur un cinéaste français atypique et méconnu, qui œuvra dans les marges du cinéma populaire.

Parmi ces quatre titres le meilleur est sans conteste L’Epave (1949), mélodrame qui révéla Françoise Arnoul dans son premier grand rôle à l’écran et lança sa carrière d’actrice mi jeune première, mi sex symbol. La même année, elle avait fait une apparition (coupée au montage semble-t-il) dans un film bien plus prestigieux, Rendez-vous de juillet de Jacques Becker. Françoise Arnoul allait ensuite apparaître dans le génial French Cancan de Jean Renoir aux côtés de Jean Gabin (le film est sorti en Blu-ray chez Gaumont, indispensable !), La Chatte et sa suite La Chatte sort ses griffes, deux films d’espionnage réalisés par Henri Decoin, plus quelques Verneuil honorables. Et une flopée de bandes populaires en leur temps (et aujourd’hui bien oubliées) où elles jouait les garces un peu perverses et les nymphettes un peu dénudées. Ou les deux à la fois comme dans cette Epave où elle interprète une femme fatale de province, jeune fille qui désire être chanteuse et qui va abandonner son amant qui a tout sacrifié pour elle afin d’assouvir sa passion du music-hall à la grande ville (on ne parle pas ici de Paris mais de Marseille, l’action du film se déroulant à Toulon.) Le pauvre type, ancien scaphandrier réputé pour ses talents de plongeur et d’explorateur d’épaves deviendra lui-même l’épave du titre, rongé par l’amour fou. Il retrouvera Françoise Arnoul plusieurs années plus tard pour de violentes explications, mais trop tard. Françoise Arnoul alors âgée de 18 ans est bien ensorcelante en effet, même si ses numéros de cabaret sont assez approximatifs (et restent ce qu’il y a de plus ringard dans le film) et si l’on suspecte que deux plans sur les trois où l’on aperçoit sa jolie poitrine soient tournées par une doublure.

On croyait découvrir une médiocrité dans la lignée de celles d’Emile Couzinet, de Georges Combret ou Jean Gourguet, artisans du nanar méridional et souvent salace. L’Epave est peut-être un nanar, mais pas dépourvu d’idées de mise en scène, mêmes naïves, avec un certain lyrisme et quelques plan surprenants comme ce regard caméra de Françoise Arnoul qui fixe le spectateur en rêvant dans son lit aux applaudissements de la foule.

Willy Rozier n’a jamais été un grand ni même un bon cinéaste (il était sans doute le premier à le savoir et son manque d’ambition fut flagrant tout au long de sa carrière) mais il était connu pour avoir au moins deux passions, qu’il sut porter à l’écran : la plongée sous-marine et les jolies filles. Willy Rozier était un sportif au physique avantageux qui ne laissait pas les femmes indifférentes. Il s’est suicidé à l’âge de 83 ans après avoir mis sept ans auparavant un terme à une carrière sans relief en signant un porno. Son titre de gloire restera d’avoir découvert Françoise Arnoul et surtout Brigitte Bardot dans un titre fameux de la série B à la française, Manina la fille sans voiles (1952) qui présentait des arguments commerciaux similaires à ceux de L’Epave : de belles prises de vues sous-marines et la renversante plastique d’une jeune débutante qui n’étais pas encore surnommée B.B.

L’Epave : film totalement inactuel, et qui s’adresse en 2013 à un public très hypothétique, mais c’est bien d’être inactuel parfois.

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Un commentaire

  1. James Singer dit :

    Rozier characters were passionate. His deep sea diver ends his life for love lost because of a misguided friend. His Callaghan is a relative of Lemmy Caution in the movie world of dreams.

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