Olivier Père

Morse de Tomas Alfredson

Ne ratez pas ce soir Morse (Låt den rätte komma in, 2008) de Tomas Alfredson à 23h sur Arte, étonnante surprise venue de Suède, œuvre marquante du cinéma contemporain. Nous l’évoquions déjà dans un texte sur l’histoire des vampires au cinéma.

C’est à notre connaissance le dernier grand film s’approchant du thème du vampirisme, qu’il renouvelle et modernise évidemment tout en faisant preuve d’une étonnante fidélité au mythe. Dans les détails mais aussi dans l’esprit. Un vampire selon la liturgie traditionnelle ne peut pénétrer dans la maison de ses victimes que si il y est invité (le titre original signifie substantiellement « laisse le bon à l’intérieur ») et se déplace avec un esclave chargé de le protéger et de le nourrir, comme dans le film. Le vampire est un monstre seul, acculé au meurtre et à l’errance par sa dépendance au sang, incapable par nature de se lier à un être humain, tout en éprouvant de l’amour ou du désir pour lui. Le vampire est une créature mélancolique. Il est aisé de faire le rapprochement avec Twilight, même si à l’arrivée tout oppose les deux films. Morse raconte une histoire d’amitié, d’amour et de complicité secrète entre un garçon et une fille. Le spectateur et le jeune adolescent découvrent que la fille est en fait un monstre qui a besoin de sang humain pour vivre éternellement, sang qu’un adulte esclave lui procure régulièrement, ou qu’elle va chercher elle-même en tuant ses proies avec une violence et une force surhumaines. Morse est un film d’une grande noirceur et d’une profonde tristesse, se déroulant dans un décor urbain banal, ennuyeux et sinistre. Morse dépeint la rencontre de deux solitudes et de deux malheurs : celle d’un garçon timide et fragile victime de harcèlement à l’école, et d’une créature victime d’une damnation éternelle. Le mélange du fantastique et du réalisme avec un regard sur la cruauté de l’enfance est parfaitement réussi et la mise en scène très impressionnante, avec des grands moments de cinéma comme la séquence de la piscine. Morse s’est vite imposé comme un classique instantané du fantastique moderne, émouvant et sombre, très loin devant les autres films récents à quelques exceptions près (The Host, The Mist, Cloverfield…)

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