Le cinéma italien populaire italien, qui allie intelligence, ironie et trivialité, garde encore enfoui de nombreux trésors et n’a pas fini de nous étonner. Nous ne sommes pas peu fier de vous présenter un film systématiquement oublié des histoires du cinéma Italien mais qui compte pourtant parmi les plus représentatives et enthousiasmantes réussites de la production commerciale transalpine, extraordinaire de vitalité dans les années 60 et 70.
Il est un domaine qui nous tient à cœur, c’est celui de la comédie italienne et de ses incursions dans des genres aussi divers et variés que le western, le mélo érotique, le drame social ou le film à costumes. Deux Grandes Gueules (Il bestione, 1974) de Sergio Corbucci reprend les recettes de la comédie picaresque, déjà appliquées dans ses westerns fondés sur un couple masculin antagoniste, et les transpose dans l’Italie contemporaine. Deux camionneurs internationaux, le Sicilien Nino (Giancarlo Giannini) et le Milanais Sandro (Michel Constantin), décident de devenir leurs propres patrons et achètent un camion à crédit. Mais la mafia et une grève des transporteurs les mettent en difficulté.
Dans l’œuvre abondante et méconnue en France de Sergio Corbucci, Deux Grandes Gueules ne bénéficie pas de la renommée de ses péplums, de ses comédies ou de ses westerns, mais c’est pourtant l’un de ses meilleurs films, dans lequel le cinéaste donne libre cours à sa truculence mais aussi à son pessimisme concernant les rapports sociaux et la politique. Véritable farce prolétaire, Deux Grandes Gueules baigne dans un naturalisme glauque plutôt rare dans le cinéma (commercial) italien, atteint parfois une dimension célinienne. Corbucci plonge deux compères, Sandro et Nino, cousins hâbleurs des aventuriers cyniques et des révolutionnaires idéalistes de ses westerns mexicains dans la grisaille de l’Italie ouvrière des années 70. Les camionneurs sont exploités par les petits patrons, victime de la crise économique, de la lâcheté des syndicats, et de surcroît de la rapacité de la mafia. Nos deux héros ouvriers évoluent dans ce monde sans espoir, mais conservent leur bonne humeur et leur agressivité virile. Ils débordent d’énergie (verbale et sexuelle), enclins à la fanfaronnade et à l’entourloupe et mus par des rêves d’indépendance et de confort. Corbucci nous convie à la naissance d’une amitié virile et ombrageuse et met en scène avec beaucoup d’humour mais aussi d’émotion le formidable courage et l’appétit de vivre de deux personnages hauts en couleur, interprétés de façon extraordinaire par le trublion Giancarlo Giannini et le monolithique Constantin. Giannini en particulier est grandiose. Impossible de l’oublier dans les diverses postures grotesques ou humiliantes où l’entraîne le film, comme lorsqu’il chante ivre mort la nuit dans la rue « strangers in the night, ma vaffanculo » version très personnelle du classique de Frank Sinatra, où lors de la dernière réplique du film, à la fois scatologique et bouleversante.
Deux Grandes Gueules entretient une possible relation avec un classique du cinéma criminel transalpin, Phares dans le brouillard (Fari nella nebbia, 1942) de Gianni Franciolini qui se déroulait lui aussi dans le monde des routiers. Cela lui a valu d’être programmé à la Cinémathèque française cette année dans le cadre du cycle consacré au film noir italien. On se désespère de revoir un jour le film de Corbucci qui n’a pas encore – à notre connaissance – été édité en Italie en DVD.
Il avait été diffusé à la télé sur la première chaîne à l’époque mais il y’a bien 40 ans de cela et peut-être un peu plus. Si j’ai bonne mémoire et s’il s’agit bien de ce film, j’avais été marqué par de nombreux gros mots dans les dialogues doublés en français.
Oui les dialogues se caractérisent par leur incroyable vulgarité, en italien comme dans la version doublée.
Oui, ce film a été diffusé à la TV au début des années 80 je me souviens, mais à ce jour il est introuvable en DVD, c est bien dommage. Excellente interprétation de Michel Constantin et Gian Carlo Giannini. Petite anecdote : c est ce dernier qui interprète la chanson du générique. A quand une reedition DVD en version Française ?
Oui certaines scènes et dialogues sont inoubliables. Et Giannini est génial. Il faudrait rééditer ce film mais il y a sans doute des problèmes de droits.
On peut le trouver sur le site payant lien : https://vivlajeunesse.top/ En vostfr
merci pour l’info !