Olivier Père

Un colt pour trois salopards de Burt Kennedy

Un colt pour trois salopards (1971)

Rachel Welsh dans Un colt pour trois salopards (1971)

Le thème de la vengeance traverse l’histoire du cinéma et en particulier le western et le film policier. Ces deux genres connurent de nombreuses métamorphoses et de surprenants avatars firent leur apparition à l’orée des années 70, comme en témoigne le curieux film qui nous intéresse. Un colt pour trois salopards (Hannie Caulder, 1971) est un western de nationalité britannique, tourné à Almería, sous l’influence croisée de Sam Peckinpah et Sergio Leone, mis en scène par un ancien scénariste de Budd Boetticher et de la société de production de John Wayne Batjac qui signa à la fin des années 60 plusieurs westerns décadents au ton plus ou moins parodique et sombrés justement dans l’oubli. Burt Kennedy a aussi réalisé une excellente adaptation du roman de Jim Thompson (convoité un temps par Kubrick) The Killer Inside Me (1976) avec Stacy Keach avant l’ignoble version de Winterbottom, et tourné des – mauvais – films dans l’indifférence générale jusqu’en 2000 (un an avant sa mort). Un colt pour trois salopards est peut-être son meilleur film et sans aucun doute son titre de gloire, surprenant par son mélange de violence et de distanciation « pop » et sa distribution hétéroclite qui réunit plusieurs habitués des westerns de l’époque (en particulier deux membres de la troupe de Peckinpah : Ernest Borgnine et Strother Martin, plus Jack Elam – les trois salopards du titre français d’exploitation) mais aussi les britanniques Christopher Lee, Diana Dors et plusieurs acteurs espagnols (tournage en Espagne oblige). Dans le même genre excentrique et interlope, on pourrait rapprocher ce film hybride des Brutes dans la ville (A Town Called Bastard) de Robert Parrish tourné lui aussi en 1971 dans des conditions, des décors et un style comparables. Le sex symbol Raquel Welch était déjà apparue dans deux westerns (Bandolero ! et Les 100 Fusils) avant d’accepter le rôle-titre, l’un des plus notables et érotiques de sa carrière.

Dans Un colt pour trois salopards Hannie Caulder cherche à se venger de ses trois violeurs qui ont aussi assassiné son mari. Elle est aidée par un chasseur de primes. Ce titre emblématique des films « Grindhouse » ayant pour héroïnes de belles amazones vengeresses compte parmi les nombreuses sources d’inspiration de Quentin Tarantino pour Kill Bill vol. 1 et 2.

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