Olivier Père

Le Roi et Quatre Reines de Raoul Walsh

Le Roi et Quatre Reines (1956)

Le Roi et Quatre Reines (1956)

Un aventurier recherché par la police apprend l’existence de 100.000 dollars cachés dans un village abandonné, sous la haute surveillance d’une veuve et de ses quatre belles-filles. L’arrivée de cet homme séduisant et cynique dans un univers exclusivement féminin va déclencher jalousie et convoitise, puisque les quatre jeunes femmes esseulées ignorent où se trouve le trésor et ne demandent qu’à s’enfuir avec le bel étranger, s’il est capable de les aider à mettre la main sur le magot. Une ronde de séduction et de mensonge commence, sous les yeux méfiants de la marâtre. Loin des épopées et des récits d’aventures dans lesquels Walsh s’illustra si souvent avec génie, Le Roi et Quatre Reines (The King and Four Queens, 1956) est un film presque entièrement dénué d’action, avec beaucoup d’intérieurs, qui propose un marivaudage sentimental et humoristique autour des thèmes de la cupidité et de la guerre des sexes. Le personnage de Clark Gable va réveiller la frustration sexuelle d’un petit harem, au risque de tomber dans son propre piège. Le charme canaille de l’acteur fait des merveilles. L’élégance et la décontraction du film sont typiques des productions hollywoodiennes des années 50 où les grands cinéastes comme Walsh, n’ayant plus grand-chose à prouver, pensent avant tout à continuer à travailler en compagnie de leurs techniciens et de leurs acteurs préférés. Ce bonheur de faire des films est communicatif. Le spectateur savoure le savoir-faire des auteurs et la complicité de Walsh avec ses interprètes. Ce western de chambre permet au cinéaste de déployer son talent pour la comédie et la direction d’actrices. Eleanor Parker y est exceptionnelle. Alors qu’ils étaient faits pour s’entendre, Walsh et Gable ne tournèrent que trois films ensemble, et tardivement dans leurs carrières respectives. Les Implacables et L’Esclave libre sont des joyaux du cinéma américain des années 50. Le Roi et Quatre Reines est peut-être un titre mineur dans la filmographie riche en chefs-d’œuvre de Raoul Walsh, mais il procure un plaisir rare et n’a pas fini de réjouir les amateurs de cinéma.

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