Olivier Père

Locarno 2011 Day 1 : Super 8 de J.J. Abrams

Pour ouvrir cette 64ème édition du Festival del film Locarno nous présentons Super 8 de J.J. Abrams, qui sort dans les salles françaises et suisses le même jour.
Par une étrange coïncidence, le nom de Steven Spielberg est le fil conducteur de la première moitié de la programmation de la Piazza Grande. Il a produit Super 8 et Cowboys & Aliens et Joe Cornish (Attack the Block)est le scénariste de son attendu The Adventures of Tintin. Coïncidence qui n’en est pas une si l’on considère l’influence unique que Spielberg exerce sur le cinéma mondial depuis presque cinquante ans.
L’ex wonder boy est désormais à la tête d’un extraordinaire empire cinématographique, sans délaisser sa carrière de cinéaste qui a pris ces dix dernières années une tournure passionnante avec des films aussi beaux que A.I. et La Guerre des mondes. Super 8, hommage au maître de la science-fiction moderne, possède cependant des qualités propres qui le différencie du cinéma spielbergien : notamment un personnage féminin d’une belle maturité malgré son âge. Spielberg n’a jamais été très inspiré par les filles et les femmes. Super 8 nous impressionne plus par l’interprétation d’Elle Fanning que par ses superbes effets spéciaux. Elle est géniale dans le rôle d’Alice, gamine qui se révèle juste et bouleversante dès la première prise lorsque le jeune héros cinéaste, amoureux d’elle, lui demande de jouer dans son film d’horreur amateur. Elle Fanning (révélée par Somewhere de Sofia Coppola) n’a que treize ans, mais c’est déjà une grande actrice. Et une future star.

Eté 79, dans une petite ville de l’Ohio. Un groupe de jeunes adolescents tourne un film d’horreur en super 8. Une nuit, ils enregistrent par hasard le déraillement spectaculaire d’un train de marchandises. Cette catastrophe ferroviaire cache une affaire d’état : quelque chose s’est échappé d’un wagon, et des phénomènes étranges se succèdent dans la bourgade…
Blockbuster intelligent, Super 8 représente ce que les studios hollywoodiens peuvent produire de meilleur : une machinerie rutilante au service d’un projet de cinéma généreux et personnel. Super 8 n’est pas un film de science-fiction comme les autres. Il repose sur la nostalgie de la fin des années 70, époque de la jeunesse du cinéaste.
Un effet saisissant de mimétisme est au cœur du film, qui sans maniérisme retrouve l’esthétique des films produits et réalisés par Steven Spielberg à cette époque (Rencontres du troisième type, E.T. l’extraterrestre, Les Goonies).
Super 8
est donc une madeleine de Proust à partager avec le cinéaste, avec des effets photographiques et des mouvements de caméra qui font ressurgir les souvenirs des spectateurs qui ont plus de trente ans. Dès son titre, il exhume de l’oubli un format remplacé depuis longtemps par les petites caméras numériques qui ont démocratisé la fabrication des images, tant sur le plan domestique que professionnel. La première rencontre entre J.J. Abrams et son producteur Steven Spielberg se fit d’ailleurs grâce au super 8. Les deux hommes ont commencé leurs carrière en tournant des petits films dans ce format (Abrams dès l’âge de huit ans), et le réalisateur des Dents de la mer avait demandé au cinéaste en herbe âgé de quinze ans (et à son ami Matt Reeves, futur réalisateur de Cloverfield) de restaurer ses propres films super 8. C’était en 1981. La boucle est bouclée.

Super 8 de J.J. Abrams (2011)

Super 8 (2011)

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