Olivier Père

Homme au bain de Christophe Honoré

Homme au bain, présenté en première mondiale en compétition internationale au Festival del film Locarno en 2010, vient de sortir en France en DVD, aux édition France télévisions. En trois films remarquables formant une « trilogie parisienne » (Dans Paris, Les Chansons d’amour, La Belle Personne réalisé pour la télévision mais distribué en salles), Christophe Honoré s’est fait le peintre très contemporain des sentiments amoureux. Peintre est aujourd’hui le mot exact, puisque cet écrivain devenu cinéaste, également homme de théâtre, signe avec Homme au bain non seulement son film le plus pictural, mais un modèle de picturalisme cinématographique. Le titre fait référence à l’une des toiles datant de 1884 de Gustave Caillebotte, peintre français qui provoqua la controverse en son temps pour l’extrême quotidien de ses sujets, comme les célèbres Raboteurs de parquet (1875). Gustave Caillebotte est mort à Gennevilliers le 21 février 1894. Le film de Christophe Honoré est au départ une commande de carte blanche filmique proposée par le Théâtre de Gennevilliers et Les films du bélier. Jean Paul Civeyrac, Bertrand Bonello, Lodge Kerrigan, Joachim Lafosse, Shinji Aoyama ont entre autres participé à cette aventure désormais close avec des films courts qui ont tous été présentés au Festival del film Locarno ces dernières années. Christophe Honoré a débordé du cadre de la collection pour livrer un long métrage à la place d’un court, un film de cinéma à la place d’un programme de télévision, sur les thèmes de la rupture amoureuse, et de la rencontre sexuelle. C’est un film de circonstance, né un peu au hasard du désir des uns et des autres (et surtout du cinéaste lui-même) mais l’apparente improvisation cache un subtil travail de composition narrative. La mise en scène du corps masculin et d’ébats homosexuels, sans fausse pudeur mais sans obscénité, propose François Sagat comme idéal érotique. La star du cinéma pornographique gay se révèle bouleversant de douceur et de retenue. Entre Gennevilliers et New York, le cinéma et la vidéo, Caillebotte est proche, mais Pasolini n’est pas loin non plus. Film mal aimé, à la réception chaotique car ouvertement expérimental (après le plus classique Non ma fille, tu n’iras pas danser et en attendant l’ambitieuse comédie musicale Les Biens-Aimés), Homme au bain trouvera sans doute avec le DVD un support plus adapté que la salle de cinéma à sa dimension intimiste et à un ton qui prend souvent la forme d’une confidence, voire d’une confession.

 

Homme au bain de Christophe Honoré.
© Festival del film Locarno 2010

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