Olivier Père

Un drôle de paroissien de Jean-Pierre Mocky

ARTE s’associe à l’hommage rendu à Jean-Pierre Mocky par la Cinémathèque française qui programme dans ses salles la filmographie complète (60 films de 59 à nos jours) du cinéaste depuis le 25 juin et jusqu’au 3 août, en diffusant lundi 21 juillet à 20h50 Un drôle de paroissien (1963), formidable comédie qui compte parmi les plus grands succès de l’auteur d’A mort l’arbitre. Balayons les idées reçues qui entachent le travail de Jean-Pierre Mocky. Accusé de bâclage et de fumisterie, Mocky a pourtant réussi l’une des œuvres les plus originales et vivifiantes du cinéma français, au moins jusqu’à la fin des années 80. On ne compte guère de films ratés des Dragueurs, son premier opus (1959), à Ville à vendre (1992). Entre Chabrol (pour la mise en boîte de la société française), Polanski (pour l’absurde et l’humour noir) et Ferreri (pour la férocité satirique), Mocky a longtemps exprimé une verve, un anticonformisme et un sens du comique réjouissant dans une série de films qui constitue un ensemble unique et cohérent dans le cinéma français. Contemporain de la Nouvelle Vague, mais éternel solitaire, il a choisi la farce, le polar, l’étude de mœurs ou de caractères, parfois le fantastique, pour échafauder une véritable comédie humaine en prenant pour cibles les institutions, les médias en les puissants, s’assurant une solide réputation de trublion et d’anarchiste à tendance paranoïaque. Certains de ses films les plus populaires, comme ce merveilleux drôle de paroissien, sont désormais des classiques. Le jeune Mocky peut se vanter d’avoir rallié à son cinéma de franc-tireur quelques monstres sacrés du cinéma des années 30, au crépuscule de leur gloire mais au génie toujours intact, Michel Simon, Fernandel, entourés des complices de la première heure, Francis Blanche, Jean Poiret, Michel Serrault… Et Bourvil. L’alchimie fonctionna si bien entre les deux hommes qu’ils tournèrent ensemble quatre films (Un drôle de paroissien, La Cité de l’indicible peur, La Grande Lessive (!), L’Etalon) qui forment un sous-ensemble burlesque dans la filmographie pléthorique du cinéaste. Cette heureuse collaboration fut hélas interrompue par la mort du comédien. Bourvil s’est parfaitement intégré au petit monde de Mocky, y apportant sa folie douce personnelle. Un drôle de paroissien, qui marqua leur rencontre, demeure un des meilleurs Mocky, révélant un cinéaste moins méchant que tendre, amoureux de ses acteurs. Outre Bourvil, tous les seconds rôles sont en effet extraordinaires, à commencer bien sûr par Francis Blanche et Jean Poiret, hilarants. On ne se lasse pas de cette histoire d’aristocrate ruiné et fervent catholique qui redore le blason et remplit les assiettes de sa famille en pillant les troncs des églises parisiennes. La poésie et l’ironie du film ne sont pas sans évoquer l’œuvre du génial Raymond Queneau, qui exerça à cette époque une influence évidente sur son ami Mocky.

 

Un drôle de paroissien, qui a fait l’objet d’une masterisation HD pour sa diffusion sur ARTE sera disponible en replay sur ARTE+7.

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