La crise
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Available from 25/06/2025
À la télévision le 2025-06-25
Quitté par sa femme puis licencié le même jour, un quadragénaire nanti s’épanche auprès d’un SDF qui ne va plus le lâcher. Par Coline Serreau, la radiographie pleine de malice d’une époque non révolue, avec Vincent Lindon et Patrick Timsit dans un duo burlesque.
Conseiller juridique et père de deux enfants, Victor découvre un matin au réveil que sa femme l’a quitté, et apprend dans la foulée son licenciement. Anéanti, il cherche en vain une oreille compatissante parmi ses proches, tous indisponibles car eux-mêmes englués dans une série de problèmes. Le cadre défait finit par échouer la nuit dans un bistrot, où seul Michou, un SDF logorrhéïque, lui prête attention dans les vapeurs d’alcool, avant de ne plus le lâcher dans l’espoir d’échapper à la mouise...
Outrances et nuances
Il y a Victor (Vincent Lindon en pleine ascension), quadra pétri d’égoïsme de la fin des "années fric", dont les certitudes aveugles volent en éclats ; Michou (Patrick Timsit, touchant), vagabond des temps postmodernes originaire d’une Seine-Saint-Denis au rouge déclinant, tentée par un Front national frôlant les 15 % ; Marie, l’épouse éreintée fuyant ce que l’on n’appelle pas encore la "charge mentale" ; la mère de Victor (Maria Pacôme en majesté), énergique sexagénaire plaquant tout sans états d’âme pour s’épanouir dans une torride histoire d’amour ; et Isa (Zabou Breitman, parfaite de rigidité), la sœur adulescente refusant les contraintes conjugales... Orchestrant un malicieux chamboule-tout à travers cette galerie de personnages en crise, Coline Serreau s’amuse ostensiblement à brosser une fin de siècle déboussolée. Car, sous le voile brodé de motifs burlesques de la comédie, déluge de hasards et déboires cocasses, la cinéaste pointe finement les dérives d'une époque épique, qui tend, trois décennies plus tard, un miroir encore pertinent à la nôtre. Regard sans complaisance, mais jamais dénué de tendresse, sur le couple et ses faux-semblants, le film, succès public et critique, dépeint aussi avec justesse le cynisme des politiques à l’heure du "rémi" (le RMI). Ainsi ce député socialiste du crépuscule mitterrandien qui laisse en son château échapper son mépris de classe, avant d’être fustigé par ses écolos radicaux d’enfants, dont on soupçonne qu’ils suivront, l’âge de la rébellion passé, une voie similaire à la sienne. C’est tout l’art de la réalisatrice d’user d’outrances pour mieux manier la nuance, et d’ausculter joyeusement les maux de la société pour ne pas désespérer.
Avec
Vincent Lindon (Victor Barelle)
Patrick Timsit (Michou)
Zabou (Isabelle Barelle)
Catherine Wilkening (Marie)
Maria Pacôme (Mme Barelle)
Yves Robert (M. Barelle)
Michèle Laroque (Martine)
Annick Alane (Mamie, la mère de Marie)
Joséphine Serre (Camille, la fille de Victor et Marie)
Christian Benedetti (Paul)
Réalisation
Coline Serreau
Scénario
Coline Serreau
Production
Les Films Alain Sarde
TF1 Films Production
Leader Cinematografica
RAIDUE
Producteur/-trice
Alain Sarde
Image
Robert Alazraki
Montage
Catherine Renault
Musique
Sonia Wieder-Atherton
Pays
France
Italie
Année
1992