La reine blanche

Trentemoult, 1960. Vingt ans après avoir pris la mer, Yvon Legualoudec (Bernard Giraudeau) est de retour dans son petit port natal, accompagné de sa femme guadeloupéenne et de leurs enfants. Sa réapparition soudaine met en émoi Jean et Liliane Ripoche, eux-mêmes parents de quatre enfants, à la tête d’un magasin de salles de bains. Car Jean était autrefois inséparable d’Yvon, pourtant son rival, puisqu’il faisait lui aussi battre le cœur de la belle Liliane. Les retrouvailles du trio, pleines d’incompréhension, de non-dits et de jalousie, tournent bientôt à l’affrontement quand Yvon décide de présenter Mireille, sa fille métisse, au titre de “reine blanche” du carnaval de Nantes, une distinction décrochée en son temps par “Lili”...

Nostalgie sans concession
Pourquoi Yvon s'est-il enfui du jour au lendemain, sans un mot, et que cherche-t-il en revenant à Trentemoult ? Jouant leur partition avec brio, Bernard Giraudeau, tout en gouaille éruptive, et Richard Bohringer, bourru et blessé, donnent la réplique à une Catherine Deneuve étonnamment touchante en femme au foyer dont les rêves se sont évaporés, bourgeoise modeste victime de sa beauté mais aussi de son milieu, comme elle l'apprendra de la bouche coupable de son père – Jean Carmet, qui insuffle drôlerie et tendresse à son rôle de patriarche collectionnant les mégots de cigarettes. Mais au travers de ce classique triangle amoureux, ancré dans un village de pêcheurs où les Noirs sont appelés “les bamboulas”, Jean-Loup Hubert capture aussi les prémices d’un changement d’époque, contenues dans la rébellion de Lili, l’élection de Mireille et l’amitié de deux gamines (Muriel Pultar et la débutante Isabelle Carré) qui font fi des préjugés.