De l’art et du lapin

Petits mammifères sauvages et familiers, lièvres et lapins de garenne inspirent depuis l’Antiquité les artistes occidentaux. Symboles de fertilité ou d’érotisme, ils représentent paradoxalement la douceur et l’innocence mariale dans l’art religieux de la Renaissance. Donnant au peintre l’occasion de démontrer sa virtuosité technique – à l’image du Lièvre d’Albrecht Dürer, petite peinture à la géniale simplicité – ils se font aussi un rappel mélancolique de notre mortalité dans les natures mortes comme celles de Chardin. Au XXe siècle, l’art contemporain revisite le motif : Joseph Beuys fait du lièvre son animal fétiche, avec qui il entre en dialogue dans une performance fameuse, tandis que le sculpteur Barry Flanagan se rend célèbre pour ses lièvres en bronze à l’allure parfois burlesque. Quant aux plasticiennes Valérie Favre ou Sarah Lucas, elles prennent le contrepied de l’imaginaire érotique des "Playboy bunnies" dans une mise en scène très libre de la féminité… Des amulettes antiques jusqu’à l’IA, exploration des mille et un visages d’un animal polysémique.