Girls for TomorrowUne histoire de sororités

En 2015, la réalisatrice française Nora Philippe devient maman d’une petite fille et déménage avec son conjoint de Paris à New York. Se sentant isolée, elle se met en quête de "petites et grandes sœurs" avec lesquelles "apprendre à recomposer sa liberté"... et concevoir son prochain film. À deux pas de son domicile, elle découvre le Barnard College – première université exclusivement féminine et féministe fondée en 1889 –, qui rassemble des milliers d’étudiantes, tous domaines confondus. Parmi elles, Evy, Lila, Anta et Talia, quatre jeunes femmes, d’origine et de milieux socioculturels différents, ont accepté de participer à son "projet Barnard". L’objectif est ambitieux : filmer et documenter leurs parcours pendant plusieurs dizaines d’années. À 20 ans, elles sont en dernière année d’études et luttent pour des causes différentes, comme la protection du climat (Evy), les droits des femmes (Lila), le dialogue interreligieux (Talia) et contre le racisme (Anta). Face à la caméra, ces jeunes femmes à un âge charnière livrent leurs rêves, mais aussi l’espoir et les colères qui les animent.

Génération engagée
En dix ans, les quatre étudiantes qui s’étaient rencontrées à la Women’s March de Washington en 2017 ont embrassé des parcours singuliers. Toutes, à l’exception de Talia, devenue journaliste et officiante œcuménique à New York, se sont envolées vers d’autres contrées – l’engagement associatif contre la pollution à Dallas pour Evy et l’accompagnement des personnes en fin de vie dans le Montana pour Lila – mais aussi outre-Atlantique concernant Anta, qui a réalisé son rêve de vivre à Paris. Malgré des chemins de vie variés, elles ont chacune maintenu le militantisme au centre de leur existence. Sur fond de vidéos que les jeunes femmes lui ont transmises durant une décennie, Nora Philippe esquisse le portrait subtil d’une génération profondément marquée par l’ère Trump, les mouvements #MeToo et Black Lives Matter ainsi que la crise climatique. En filigrane, le film s’adresse aussi, et surtout, à sa fille. Réalisé durant les dix premières années de sa vie, Girls for Tomorrow réunit clés de lecture et exemples de luttes, apportant un contrepoint porteur d’espoir et de solutions en puisant dans "de nouvelles sororités, afin de nourrir les batailles qui viennent".