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À suivre :
Nucléaire : le piège de PoutineDes mines vertes, une solution à la crise climatique ?
90 min
Disponible à partir du 19/08/2025
À la télévision le mardi 26 août à 23:15
L'extraction minière peut-elle être écoresponsable ? Des lieux de pouvoir aux régions scarifiées par les sites existants, enquête dans une Europe prête à ouvrir de nouvelles mines au nom de la transition écologique.
Ironie du sort : une industrie notoirement mortifère sur le plan écologique et celui des droits humains jouera un rôle clef dans la grande transition verte voulue par l'Europe. Pour atteindre la neutralité climatique à l’horizon 2050, impossible, selon les gouvernements, de se passer de "minéraux stratégiques" qui viendront remplacer nos industries fossiles. Aujourd'hui en grande majorité importées de Chine, ces "terres rares" (lithium, cobalt, cuivre, bauxite, gallium, bismuth, germanium, indium…) sont présentes et pour certaines déjà extraites en Europe. Ne resterait plus qu'à amplifier la production, une musique douce aux oreilles du secteur minier qui mène un lobbying intense en jurant qu'une "extraction verte et durable" est possible. Mais que disent les faits ?
Course au pire
Près de l'ancienne mine de Rio Tinto dans le sud de l'Espagne, le paysage, qualifié de "Mordor" par les habitants, expose ses flancs scarifiés, son vide lunaire, ses bassins de boue toxique où furent reversées 97 % des roches extraites et où bouillonnent sous la surface l'arsenic, le plomb, le soufre… En Estrémadure, on s'inquiète de l'ouverture prochaine d'une nouvelle mine. Les défenseurs de l'environnement sont convaincus que les industriels cachent leurs réelles intentions : l'exploitation de l'or et du palladium présents dans le sol, un million de fois plus rentables que le fer annoncé. Les besoins en eau du secteur, asséchant les nappes phréatiques, tournent au jeu du chat et de la souris entre l'Europe et les industriels : les résultats des enquêtes imposées sur le sujet sont expurgés par ces derniers des rapports transmis aux autorités régionales. Dans le nord de la Suède, le mode de vie des autochtones samis s'éteint sous la pression d'une nouvelle mine à ciel ouvert, dont les infrastructures piétinent un site classé à l'Unesco, dernier lieu de transhumance des rennes. Pourtant, fin 2023, le trilogue européen (Parlement, Commission et Conseil) a finalisé la rédaction d'une législation sur les matières premières critiques, qui "stimulera notre secteur minier, renforcera nos capacités de recyclage et de transformation, créera des emplois locaux de qualité et garantira que notre industrie est à la pointe et prête pour les transitions numérique et écologique", selon Jo Brouns, ministre flamand de l'Économie. L'enquête implacable et salutaire de Linda Osusky et Monika Grassl a le mérite de la clarté : l'extraction écoresponsable est un oxymore et nos pays européens, parmi les plus riches, sont lancés dans une course au pire pour maintenir un niveau de vie qui se fracassera contre la réalité climatique.
Réalisation
Linda Osusky
Monika Grassl
Pays
Autriche
Année
2024