Tracks East

Avec la guerre en Ukraine, le spectre d’une nouvelle crise alimentaire hante l’Afrique. Pour la population du second continent le plus peuplé au monde, le prix et la disponibilité des céréales sont un sujet d’inquiétude croissant. Dans les pays où sévit la guerre, les aliments participent de plus en plus de l’identité régionale ou nationale. D’ailleurs, le drapeau ukrainien n’arbore-t-il pas les couleurs d’un champ de blé mur sous un ciel bleu ?

Lors d’une performance à Vilnius, trois artistes d’Ukraine et de Pologne demandent au public ses recettes pour survivre lorsque les temps sont difficiles. La preuve que la nourriture aussi, est affaire de politique. Dans leurs familles, la guerre a en effet ravivé le traumatisme de l’Holodomor, la grande famine en Ukraine orchestrée par Staline dans les années 1930. Aujourd’hui, ce sont les agriculteurs ukrainiens qui sont de plus en plus la cible des attaques russes. Ce qui ne les empêche pas d’être à pied d’œuvre : car le travail de la terre doit se poursuivre, en temps de guerre comme de paix.

Malheureusement, les semences ukrainiennes tombent souvent aux mains des Russes. Quant aux aliments provenant des territoires occupés, après avoir transité par la Biélorussie et la Pologne, ils reviennent sur les marchés ukrainiens estampillés "produits européens".

Dans les bidonvilles de Nairobi, la lointaine guerre pèse sur le porte-monnaie. Alors qu’en une semaine, un plat kenyan très populaire a vu son prix tripler, le rappeur Futwax ne mâche pas ses mots.

À Moscou, "Tracks East" fait la tournée des restaurants ukrainiens et découvre qu’on y sert désormais des plats surprenants.