Summer of Sam

Dans le quartier italo-américain de South Bronx, la canicule embrase le ciment. Vinnie, jeune marié volage et shooté aux Quaalude, bat le pavé avec sa bande, liée à la mafia italienne. Lorsque son ami d'enfance Richie refait surface, Vinnie ne le reconnaît plus : il a adopté le look punk qui déferle sur Manhattan, à mille lieues des codes du Bronx. Richie se met en couple avec Ruby, malgré sa réputation de fille facile, et lance à ses côtés un groupe de punk. Vinnie, marié depuis deux ans à la sublime Dionna, ne peut s'empêcher de la tromper. Un soir qu'il couche avec la cousine de cette dernière dans l'habitacle d'une voiture, il échappe par hasard à la mort. Le tueur "Son of Sam" (selon les missives qu’il adresse à la police) abat un autre couple au même endroit, quelques secondes après que Vinnie et sa conquête ont quitté les lieux. Tandis que les meurtres s'accumulent et que le thermomètre grimpe, la ville entière sombre dans une paranoïa fiévreuse. 
 
Sang, sexe et impasses 
Dès la scène d'introduction, Spike Lee s'amuse à surprendre : voici le journaliste et prix Pulitzer Jimmy Breslin, figure bien connue des New-Yorkais, qui s'adresse à la caméra pour parler des "8 millions" d'histoires qui peuplent la ville et de l'année 1977, violente, hystérisée par une canicule terrible, des coupures de courant massives qui provoqueront des émeutes et les exactions de "Son of Sam", tueur en série notoire. Sur ce canevas de thriller historique saupoudré d'extraits de journaux télévisés de l'époque, le réalisateur brosse tout à la fois une étude de mœurs de la communauté italo-américaine du Bronx et un portrait générationnel halluciné et flamboyant, débordant de sang, de sexe et d'impasses relationnelles, sur les rythmes frénétiques des Who, d'Abba ou de Marvin Gaye. John Leguizamo y impressionne en coiffeur minable et infidèle, flottant, tout le film, dans le brouillard de la défonce.