Matador

Diego Montes, ancien toréro star devenu professeur de tauromachie après une grave blessure dans l'arène, exerce un étrange magnétisme sur son entourage  à commencer par son élève Angel, grand adolescent taciturne et troublé qui vit sous la coupe d'une mère adepte de l'Opus Dei. Perturbé par les conseils en séduction de son mentor, Angel tente de violer la jeune fiancée de ce dernier, la mannequin Eva, dont il est amoureux, avant de se dénoncer à la police. Au commissariat, il s'accuse en outre d'une série de meurtres non élucidés, dont celui de deux étudiantes de sa promotion, portées disparues peu de temps auparavant. Incarcéré, le jeune homme est défendu par l'avocate Maria Cardenal, une femme vénéneuse qui prend plaisir à exécuter ses amants d'une estocade entre les omoplates au moment de l'extase...

Tauromachie dans le boudoir
Sexe, religion, viol, meurtres et fantasmes nécrophiles... Dans son cinquième long métrage, Pedro Almodóvar vise de ses banderilles tous les tabous, en orchestrant avec un humour grinçant une fable érotico-macabre, noire et exubérante – et surtout, profondément amorale. S'il ne filme guère de scènes de corrida, le réalisateur madrilène, grand aficionado, en transpose allègrement l'esthétique dans des scènes de boudoir artistement chorégraphiées, où le rouge de la passion se mêle à celui de la violence. Un spectacle d'une liberté folle, dans lequel Antonio Banderas, Nacho Martínez et Assumpta Serna – sans oublier le cinéaste lui-même, dans la peau d'un couturier aux commandes d'un défilé de mode délirant – ne se refusent à aucun excès.