Lex Barker - De Tarzan au playboy de westerns

Il y a cinquante ans, le 11 mai 1973, Lex Barker, 53 ans, s'effondrait dans une rue de Manhattan, foudroyé par une crise cardiaque. Personne ne reconnaît alors l'ex-Tarzan. Oublié à New York, cité en partie bâtie par son père, qui était un riche promoteur, le colosse blond au corps parfait bénéficie en revanche en Europe d'une certaine notoriété, qu'il doit à son rôle emblématique dans une série yougo-italo-franco-allemande de westerns plébiscités par le public. Il y incarne Old Shatterland, le frère de sang blanc de l'Apache Winnetou. Né en 1919, ce fils de bonne famille, qui a combattu sur le front italien, a abandonné précocement les bancs de Princeton pour les planches de Broadway. Étoile filante de Hollywood, il succède à un Johnny Weissmuller vieillissant dans le fameux pagne. Sa gloire peine cependant à dépasser la jungle, la liste de ses mariages (cinq) – notamment avec Lana Turner et in fine avec la collectionneuse d'art Carmen Thyssen – lui valant plus de lignes dans la presse que sa filmographie. Mais de La dolce vita au Bourreau de Venise, le cinéma européen relance sa carrière. Les romans de l'écrivain allemand Karl May, dont les westerns aux titres évocateurs – La révolte des Indiens Apaches ou Le trésor du lac d'argent – sont adaptés, achèvent de le hisser au rang de star outre-Rhin, au point d'être adulé et traqué par les paparazzi.      

Héros de la guerre froide 
Ce documentaire retrace l'étonnante histoire de ce sex-symbol des écrans européens, qu'une carrière hollywoodienne ratée mena en Allemagne via l'Italie. Incarnation du héros protecteur volant au secours des plus faibles, Lex Barker s'impose, dans les années 1960, en "ami américain" plus vrai que nature, chevauchant, à renfort de grosses productions, à travers les plaines de la Yougoslavie non alignée. Si sa filmographie est aujourd'hui controversée pour son biais patriarcal et paternaliste, voire raciste, elle témoigne d'une époque où la conquête de l'Ouest, avec ses aventures et ses amitiés viriles, faisaient encore rêver l'Europe de la guerre froide.