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À suivre :
Twist - Ranger : l’ordre rend-il heureux ?Louise Bourgeois, la sculpture et la colère
57 min
Disponible à partir du 06/07/2025
À la télévision le dimanche 13 juillet à 17:55
Dans son oeuvre à la grande force évocatrice, la plasticienne Louise Bourgeois (1911-2010) développe une réflexion fulgurante sur la maternité, l'intime et la condition féminine. Portrait inspiré d'un monument de l'art contemporain.
C'est une œuvre puissante, hybride, à l'image de sa créatrice. Artiste totale, la plasticienne Louise Bourgeois a traversé le siècle en défricheuse, explorant tous les matériaux possibles pour donner forme à son monde intérieur et imposer sa vision. Née en 1911, elle passe une enfance troublée, marquée par de lourdes angoisses d'abandon. À 20 ans, la mort de sa mère est un premier choc : après une tentative de suicide, la jeune Louise se réfugie dans l'étude des beaux-arts. À Paris, elle rencontre Fernand Léger, qui la dit "faite pour être sculpteur", puis l'historien de l'art américain Robert Goldwater, qu'elle épouse sur un coup de tête pour le suivre à New York. Les premières toiles qu'elle expose, la série des Femme Maison, d'influence surréaliste et psychanalytique, expriment l'enfermement, la vulnérabilité inhérente à la condition féminine. La sculpture devient bientôt le seul medium, avec l'écriture, qui lui permette d'exorciser ses tensions intérieures : elle fait émerger des formes d'inspiration organique, façonnées en plâtre ou en latex, à l'image de ses "nids" comme Fée couturière (1963), ou taillées dans la pierre – la série des "Phallus", qui questionnent avec une tendresse provocante la beauté mystérieuse du sexe et la fragilité masculins. Son œuvre à la forte coloration autobiographique, intégrant dans les années 1970 des installations et des performances, fait de Louise Bourgeois une figure de proue de la scène underground new-yorkaise et une égérie paradoxale des féministes, auxquelles elle ne s'identifiera jamais tout à fait. Mais c'est avec la rencontre en 1980 du jeune galeriste Jerry Gorovoy, qui devient son assistant, que la carrière de l'artiste septuagénaire s'envole : il la canalise, l'empêche de détruire son travail. Louise Bourgeois connaît la consécration avec sa première rétrospective au Moma, à New York, en 1982 ; dès lors, elle ne cessera de créer, produisant à l'automne de sa vie des œuvres parmi ses plus mémorables – dont Maman (1999), araignée monumentale, illustration d'une mythologie très personnelle de la maternité.
Intime et universel
Un siècle et presque autant de vies : s'appuyant sur les carnets de Louise Bourgeois ainsi que sur des archives filmées, qui dévoilent la force de caractère et la personnalité sans concession, presque intimidante, de ce petit bout de femme devenue géante de l'art contemporain, Marie-Ève de Grave (La vie dans les bois – D'après "Walden" de Henry David Thoreau) en dresse un très beau portrait intime : elle retrace le parcours bouillonnant d'une artiste à l'exigence instinctive, qui aura traversé les mouvements artistiques – le surréalisme, l'expressionnisme abstrait, le minimalisme – sans jamais se revendiquer d'aucun d'eux, et produit une œuvre à la grande puissance évocatrice, entre miniature et monumental, intime et universel.
Réalisation
Marie-Ève De Grave
Pays
France
Année
2024