Chouans !

1793. La Terreur déchire la France. En Vendée et en Bretagne, les chouans se révoltent contre la république naissante et se battent pour le rétablissement de la monarchie. La guerre civile divise aussi la famille du comte Savinien de Kerfadec, noble libéral et généreux, inventeur de machines volantes. Après quatre ans passés en Amérique, son fils légitime Aurèle revient sur ses terres et prend la tête des contre-révolutionnaires catholiques. Tarquin, son fils adoptif qu’il a recueilli enfant, est, lui, devenu un commissaire du peuple intransigeant et brutal, en charge de lever des soldats pour l’armée régulière. Les deux “frères” vont se combattre à la vie à la mort pour défendre leurs convictions, mais aussi pour l’amour d’une femme, Céline, elle aussi adoptée à sa naissance par le comte et qui a grandi avec eux…

Révolution pour tous
Film de rebelles ou film rebelle ? Comme les combattants qu’il met en scène, Chouans ! résiste, rendant impossible toute classification hâtive. Fresque historique, roman d’aventure, adaptation littéraire, chant humaniste, superproduction à la française, mélo familial, film d'amour impossible ? Avec ce grand spectacle populaire, librement inspiré du roman de Balzac, Philippe de Broca tentait en 1987, soit deux ans avant le bicentenaire de la Révolution, la synthèse des styles qu’il affectionne. Par l'enthousiasme et le dynamisme de sa réalisation, le cinéaste de L'homme de Rio et de Tendre poulet évite les pièges de la leçon pédagogique ou du traité partisan. Connu pour ses penchants royalistes, Philippe de Broca traite également les deux camps, avec assez de nuances pour échapper à tout soupçon de manipulation. Comme le comte de Kerfadec, créateur visionnaire de singuliers parapentes, le cinéaste prend de la hauteur et regarde les hommes tomber, révulsé par les massacres, pour se ranger finalement aux côtés de ceux qui défendent la vie et l’espoir, au-delà de leurs opinions politiques. L’aide dans son entreprise un casting détonnant, avec Philippe Noiret impérial et Sophie Marceau en bonnet phrygien, magnifique incarnation de la France républicaine et objet du duel fratricide entre Lambert Wilson, sombre et exalté, et Stéphane Freiss lumineux, frère rieur de Fanfan la Tulipe.