Pourquoi nous battons-nous ?La douceur de la violence

En 2016, la compagnie de danse contemporaine Les ballets C de la B, créée par Alain Platel, réalise une performance intitulée Ne pas dormir. Au fil des répétitions, une question se fait lancinante parmi les danseurs : pourquoi l’être humain ressent-il le besoin de se battre ? Lorsque les corps prennent le dessus, est-ce parce que les mots n’ont plus leur place ? Par la danse et la parole, Bérengère Bodin, Samir M'Kirech et TK Russell explorent avec sincérité leur perception de la violence – celle qui les entoure, comme celle qui les habite : "Cette rage, c’est comme un petit animal qu’on a à l’intérieur de soi, et dont il faut prendre soin." Alors que l’incertitude sur l’avenir se nourrit des guerres et des crises identitaires, comment gérer la peur, la frustration et la déception ?  Peut-on agir exclusivement de façon non violente ? Ce privilège appartient-il seulement à ceux qui créent à travers la danse, la musique, l’art et les mots ?

Violents corps-à-corps  
Dans ce documentaire réalisé avec la vidéaste Mirjam Devriendt, le chorégraphe belge Alain Platel mêle témoignages d’artistes, impressionnants extraits de performances où les danseurs s’adonnent à de violents corps-à-corps et archives du début du XXe siècle évoquant le deuil, la souffrance et les combats entre les hommes. Des images époustouflantes avec, en fil rouge, la Symphonie n° 3 de Mahler et le texte bouleversant "Le chant de minuit" extrait d’Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche, chanté par une mezzo-soprano dans le quatrième mouvement. Une ode à la créativité humaine.