Patrick

L’existence de Patrick, 20 ans, est une fuite en avant dans la drogue, le sexe et la violence. Il vit dans l’appartement luxueux de son compagnon Thomas, plus âgé que lui, et passe d’une fête à l’autre. Mais lors d’une soirée, alors qu’il violente une jeune femme, la police l’arrête et l’accuse d’avoir fourni de la drogue aux invités. Elle découvre aussi sur son ordinateur des vidéos pornographiques le mettant en scène avec de jeunes filles. Les enquêteurs ne tardent pas à découvrir sa véritable identité : il ne s’appelle pas Patrick mais Mario, a été enlevé douze ans plus tôt au Portugal et n’est jamais réapparu...

Survivre à l’indicible 
Souvent mutique et distant, d’un abord froid, Patrick/Mario semble évoluer dans une dimension lointaine où personne ne peut vraiment le rejoindre. Mais derrière le pis-aller des excès, du vandalisme et des manipulations sexuelles bouillonne la colère insondable d’un jeune homme à l’identité à jamais brisée, ayant grandi sans repères moraux. Osant aborder le thème encore tabou de la pédophilie, le réalisateur portugais Gonçalo Waddington renverse la perspective et filme non l’enquête policière, non le désespoir des parents face à l’absence, mais les conséquences du traumatisme pour le jeune homme. Comment survivre à l’indicible, comment se construire ? Privilégiant les non-dits et la suggestion, le film, inspiré d’une histoire vraie, laisse au spectateur le soin de reconstituer les parties les plus terribles du puzzle, et résonne longtemps après sa fin.