Cinéma d’animation : la french touch
3 min
Disponible jusqu'au 14/06/2027
Journaliste à Radio France, Laurent Valière nous parle de son livre « Cinéma d’animation : La French Touch » sur le cinéma d’animation français, paru aux éditions La Martinière.
Avec l’auteur, Laurent Valière, retour sur cinq œuvres phares évoquées dans ses pages.
"Le roi et l’oiseau" de Paul Grimault (1953/1979)
“Avant Paul Grimault, le dessin animé, essentiellement financé par la publicité, avançait avec les moyens du bord. Grimault, que l’on surnommait le ‘Walt Disney de gauche’, envisage pour la première fois en France l’animation de manière industrielle, avec des studios dédiés : désirant créer une animation aussi souple que celle de Disney, il lui emprunte ses techniques. C’est ainsi qu’il crée en 1936, avec l’industriel André Sarrut, le Studio des Gémeaux, dont les effectifs passent en 1949 de douze à cent personnes pour "Le roi et l’oiseau". Malgré cela, le projet prend du retard et des désaccords financiers avec la production disloquent l’équipe. Le film sort ainsi une première fois en 1953 dans une version désavouée par Grimault puis en 1979, retravaillé par l’auteur. Il connaît alors un retentissement international.”
"Il était une fois... l’homme" d’Albert Barillé (1978)
“Non seulement ce programme réunit animation et série télévisée, mais il crée aussi une nouvelle association entre dessin animé et pédagogie. Pionnier de l’edutainment, Albert Barillé signe par ailleurs le premier succès international d’un dessin animé imaginé en France, mais fabriqué à l’étranger pour des raisons de coût. Il ouvre la voie à d’autres séries comme "Ulysse 31", "Les mystérieuses cités d’or" ou "Inspecteur Gadget". "Il était une fois...l’homme" constitue enfin le début de l’exportation française en matière de dessins animés : quatorze chaînes de télévision étrangères s’intéressent à la série, qui devient un modèle de coproduction internationale. Aujourd’hui, l’animation est le premier genre audiovisuel français diffusé à travers le monde.”
"Kirikou et la sorcière" de Michel Ocelot (1998)
“Une vraie révolution ! Ce film signe le début du boom du long métrage d’animation français. Le succès de Kirikou a donné des idées à de nombreux producteurs de cinéma en France. Il est pourtant sorti en catimini, face à des géants comme
"Mulan" de Disney et "Le prince d’Égypte" de Dreamworks. Ce film original et audacieux, tant par l’univers abordé que par le graphisme, place la France sur l’échiquier de l’animation mondiale grâce à son esthétique singulière, à l’opposé du cartoon, même si l’Hexagone reste tout petit face aux États-Unis.”
"Persepolis" de Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi (2007)
“Persepolis témoigne du réel avec une esthétique qui donne à voir et comprendre des choses fortes. Marjane Satrapi, qui avait travaillé quatre ans pour créer sa bande dessinée autobiographique, en a ensuite passé plus de trois sur le film, à notamment coécrire le scénario et vérifier l’ensemble des dessins. Prix du jury à Cannes, nommé aux Oscars, "Persepolis" révèle au monde l’incroyable vivier français des auteurs de bande dessinée. Cette richesse graphique et cette audace artistique sont constitutives de la ‘French Touch’ en matière d’animation.”
"Astérix et le domaine des dieux" d’Alexandre Astier et Louis Clichy (2014)
“Dans un tout autre genre, le personnage d’Astérix est aussi un emblème de l’artisanat français. En 1974, Goscinny, Uderzo et Dargaud créent les studios Idéfix pour faire vivre à l’écran l’univers de leurs irréductibles Gaulois. À la demande de Goscinny, l’école de la chambre de commerce et d’industrie de Paris ouvre une filière animation en 1975 – l’ancêtre des Gobelins. Classée aujourd’hui meilleure école de film d'animation au monde, elle colle depuis 1980 aux innovations technologiques qui révolutionnent la fabrication des films. "Astérix et le domaine des dieux", réalisé en images de synthèse, est entièrement fabriqué en France. C’est porteur d’espoir !”
Propos recueillis par Emmanuelle Bour
Cinéma d’animation – La French Touch
de Laurent Valière
Une coédition ARTE Éditions /La Martinière
256 pages, parue le 9 mai 2017
Pays
France
Année
2017