Vera Cruz

Ancien colonel de l’armée sudiste, Benjamin Trane se rend au Mexique. Les partisans de Benito Juárez y livrent une guerre sans merci à l’empereur Maximilien, soutenu par la France. Trane se lie d’amitié avec Joe Erin, un chef de bande sans foi ni loi. Ils sont engagés comme mercenaires par le marquis de Labordere. Leur mission consiste à escorter sa maîtresse, la comtesse Marie Duvarre, à Vera Cruz, où elle doit prendre le bateau. Les deux gringos découvrent que cette dernière transporte 3 millions de dollars en or destinés à lever de nouvelles troupes en Europe pour le compte de Maximilien.

Western tequila
Quatrième film de Robert Aldrich, Vera Cruz apparaît comme l’archétype du western ludique : une action qui ne retombe jamais, une galerie de personnages typés, grâce notamment aux seconds rôles tenus par Ernest Borgnine, Charles Buchinsky (le futur Bronson) et Jack Elam (le tueur de mouches d’Il était une fois dans l’Ouest). Au moment où le western s’autoanalyse ou défend de grandes causes, le réalisateur transporte ses personnages en plein folklore mexicain, pris entre le feu des révolutionnaires et celui des pittoresques soldats de Maximilien. Déjà s’affirme l’obsession d’Aldrich pour les antihéros : Burt Lancaster incarne un séduisant bandit sans scrupules qui se vend au plus offrant ; Gary Cooper campe un colonel sudiste désabusé, qui s’allie avec la canaille par lassitude plus que par méchanceté. Lorsque vient l’affrontement final, on est presque déçu de voir leur amitié naissante voler en éclats. Car Vera Cruz est un film cynique où les personnages se trahissent et n’ont pas de parole. Cette vision pessimiste sera poussée à l’extrême par Sergio Leone.