Olivier Père

La Vie à l’envers de Alain Jessua

La vie à l’envers (1963) est le premier long métrage d’Alain Jessua. Jessua fait preuve dès son premier essai d’un ton très personnel, à la fois critique et grinçant, et exprime son intérêt pour les études comportementales clinique – ici la description d’une lente plongée d’un homme ordinaire dans la schizophrénie, où la folie est présentée comme une libération paradoxale d’un individu aliéné par les obligation sociales et conjugales. Ce petit précis de misanthropie témoigne d’une certaine originalité formelle à propos du travail sur le son, l’espace clos de l’appartement et la captation des rues de Paris.

Alain Jessua (1932-2017) fut un véritable franc-tireur du cinéma français. Il a commencé à faire des films juste après la Nouvelle Vague mais n’a jamais appartenu à aucune tendance ni du cinéma d’auteur, ni du cinéma commercial. Plusieurs de ses films se tiennent à la lisière du fantastique ou de la science-fiction, et proposent un reflet inquiétant de notre société – études comportementales, dérives de la science, satires des moeurs contemporaines, basculement dans la folie homicide et l’autodestruction. Il y a déjà tout cela en germe dans La Vie à l’envers, portrait d’un homme qui tourne le dos à une vie banale et ennuyeuse pour s’isoler dans une « folie heureuse ». La Vie à l’envers demeure un film dérangeant, avec des partis-pris de mise en scène audacieux, en totale rupture avec le cinéma naturaliste ou psychologique français, avec une interprétation remarquable de Charles Denner. Primé à Cannes et à Venise, le film jouit d’une excellente réputation dans certains cercles cinéphiliques. Il mérite d’être découvert ou redécouvert aujourd’hui.

 

La Vie à l’envers avait déjà été proposé en DVD avec le livre éponyme inédit que Jessua avait écrit avant de réaliser le film. Édité en 2007 par Léo Scheer, ce livre-DVD était épuisé depuis longtemps.

Film disponible en DVD et pour la première fois en BR aux éditions INSER&CUT. Différents suppléments éditoriaux, dont une rencontre avec le réalisateur montre l’admiration que l’éditeur porte à ce film, qui intègre une collection dédiée aux incunables du cinéma français des années 60-70.

 

 

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