Olivier Père

Cycle Roberto Gavaldón sur ARTE.tv

Il a été surnommé « le roi du mélodrame », mais son style très personnel transcendait tous les genres. En cinq films, dont Double destinée, La Déesse agenouillée et Mains criminelles, ARTE.tv propose de découvrir de l’œuvre de Roberto Gavaldón (1909-1986), peintre des passions et un des pionniers de l’âge d’or du cinéma mexicain. 

Double Destinée (La otra)

Double Destinée, réalisé en 1946 par Roberto Gavaldón, s’impose comme le chef-d’œuvre de son auteur, et l’un des titres les plus remarquables de l’âge d’or du cinéma mexicain. Somptueusement éclairé et mis en scène, Double Destinée baigne dans une esthétique urbaine et nocturne, et dans une atmosphère onirique. Ce film noir se présente comme un mélodrame criminel ou un thriller psychologique. Dans Double Destinée, une modeste employée assassine sa sœur jumelle, une riche bourgeoise récemment devenue veuve, pour prendre sa place. Cette usurpation d’identité aura des conséquences tragiques. Gavaldón offre à Dolores Del Rio un double rôle où elle peut exprimer sans aucun manichéisme les conflits moraux d’une héroïne tourmentée par la jalousie et l’ambition sociale. Ce magnifique portrait de femme est l’adaptation d’un roman de Rian James qui sera une nouvelle fois porté à l’écran en 1964, aux Etats-Unis : La mort frappe trois fois (Dead Ringer) de Paul Henried, avec Bette Davis.

 

La Déesse agenouillée (La diosa arrodillada)

Pour célébrer son anniversaire de mariage, Antonio, un riche aristocrate qui est également ingénieur chimiste, organise une fête au cours de laquelle il offre à son épouse, Elena, la statue d’une femme nue agenouillée. Le modèle se trouve être sa maîtresse Raquel, à laquelle il voue une passion sans limite. Ce sublime mélodrame, réalisé en 1947 par Roberto Gavaldón, propose l’étude d’une obsession dévorante teintée de fétichisme, qui n’est pas sans annoncer Tourments (El), le chef-d’œuvre mexicain de Luis Buñuel. Les deux films possèdent en commun l’acteur Arturo de Córdova, qui a régulièrement écorné son image de séducteur en interprétant des personnages névrosés, rendus fous par le désir sexuel et des pulsions inassouvies. Il émane du film et de son couple vedette une sensualité extraordinaire. Aux côtés de Córdova, Maria Felix rayonne de beauté et de mystère, véritable incarnation de l’érotisme féminin et de son pouvoir sur les hommes.

 

Mains criminelles (En la palma de tu mano)

Le charlatan Karin se fait passer pour un voyant pour escroquer les clientes d’un institut de beauté dans lequel travaille sa compagne, qui est également sa complice. Il tente de faire chanter une jeune veuve que le couple soupçonne d’avoir tué son richissime mari. Roberto Gavaldón propose avec Mains criminelles, qu’il réalise en 1951, sa propre version du film noir hollywoodien, dans l’esprit d’Assurance sur la mort. Le résultat n’a pas à rougir devant ses modèles. Comme dans les classiques américains, l’influence de l’expressionnisme s’avère évidente. Les jeux d’ombre et de lumière illustrent l’ambivalence des protagonistes, tandis que les décors écrasants symbolisent le poids du destin. Karin est l’un des personnages les plus complexes interprétés par Arturo de Córdova. Il apparaît comme un escroc vénal et sans scrupules qui découvre le sens de la justice et de la vérité au fur et à mesure qu’il s’enfonce dans le crime, entraîné par une maîtresse encore plus immorale que lui.

 

Autres films :

La nuit avance (La noche avanza, 1952)

Jours d’automne (Días de otoño, 1963)

 

Films disponibles gratuitement sur ARTE.tv jusqu’au 1er août 2025. Ces films de Roberto Gavaldón ont été réédités en salle par Les Films du Camélia.

 

 

 

 

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