Au p’tit zouave de Gilles Grangier

Au p’tit zouave (1959) est un agréable divertissement policier, assez caractéristique du cinéma populaire français de son époque, et du talent de Gilles Grangier, souvent capable d’enrichir des films commerciaux d’une dimension sociologique, en proposant une description documentaire des espaces urbains – voir le très beau plan du générique de début, où la caméra est postée à l’avant du métro aérien et dévoile le paysage parisien. Le film propose une galerie de personnages pittoresques, tous clients d’un café-hôtel du quartier de Grenelle, « Au p’tit zouave » : prostituée, maquereau, receleur, mauvais garçon, chaste demoiselle… L’histoire se concentre sur l’enquête visant à démasquer un tueur en série qui sévit dans la capitale. Dans le même temps, un jeune homme distingué s’installe en pension complète dans le modeste établissement. On a plaisir à retrouver les vedettes François Périer, Dany Robin et quelques seconds rôles familiers comme Robert Dalban et Paul Frankeur. Gilles Grangier, cinéaste qui pendant longtemps n’a pas été pris en considération, a réalisé plusieurs bons films. Au p’tit zouave est son premier succès public et critique. On peut apprécier dans le film la principale qualité du cinéma de Grangier, celle du réalisme. Le réalisateur a toujours privilégié dans ses meilleurs films les décors naturels au détriment du studio, et il le confirme ici en filmant dans un véritable bistrot d’un quartier populaire. Au p’tit zouave ravira les amateurs de cinéma français des années 1950.

Film édité en combo DVD/BR par Pathé

Solaris a distribué en salles en janvier 2025 un cycle Gilles Grangier en cinq films, avec celui-ci, 125 rue Montmartre, Meurtre à Montmartre, Trois Jours à vivre et le meilleur, Le Sang à la tête (1956) d’après Le Fils Cardinaud de Simenon, avec Jean Gabin.