Olivier Père

Un beau matin de Mia Hansen-Løve

Sandra (Léa Seydoux) rend souvent visite à son père, Georg (Pascal Greggory), atteint d’une maladie neurodégénérative. Alors qu’elle s’engage avec sa famille dans un parcours du combattant dans les hôpitaux et les Ehpads pour installer Georg en lieu sûr, Sandra fait la rencontre inattendue de Clément (Melvil Poupaud), un ami perdu de vue avec qui s’ouvre une relation passionnée, mais incertaine.
« Rendre compte de ces bouleversements, montrer l’élégance, le courage mais aussi la fragilité d’un homme face à la violence d’une telle maladie, donner à voir l’impossibilité pour sa fille de l’appréhender, témoigner, aussi, des difficiles conditions de vie dans les Ephads, auxquelles tant de personnes sont confrontées : tels furent les arguments premiers du film » déclarait Mia Hansen-Løve dans sa note d’intention. Dès ses débuts, la cinéaste s’est attachée à décrire des sentiments liés à l’absence, à la perte de l’être aimé, provisoire ou définitive. Le cinéma devient pout elle un moyen de combler un manque, donner corps à des souvenirs, des fantômes. Un beau matin comme la plupart de ses fims s’inspire de
personnes, de situations ou de lieux qu’elle a connu à des périodes données de sa vie. Pourtant, ce matériau autobiographique n’a pas pour vocation d’alimenter une œuvre autofictionnelle, mais nourrit au contraire un projet romanesque. Il n’y a rien de nombriliste dans cette approche de la fiction cinématographique, plutôt une recherche de l’altérité, une volonté de se projeter dans chacun des personnages, les enfants comme les parents. Sandra, dans un mouvement symétrique qu’enregistre le film, traverse une double histoire d’amour : celle avec son père, que la maladie rapproche d’elle, et celle avec un ami qui va devenir un amant et réveiller une sensualité éteinte. C’est aussi une double expérience, celle de l’accompagnement vers la mort et celle d’une renaissance du désir vital. Sandra, comme les autres héroïnes de Mia Hansen-Løve, traverse et surmonte des épreuves douloureuses au cours du film. Sa trajectoire est celle d’un itinéraire moral et d’une émancipation qui surviennent à une étape décisive de son existence de femme. C’est aussi, au même titre que L’Avenir, une histoire de transmission et d’apprentissage de la liberté.

 

 

Diffusion sur ARTE mercredi 4 septembre à 20h55. Également Disponible sur ARTE.tv à partir du 3 septembre.

 

Catégories : Coproductions · Sur ARTE

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