Un nouvel éditeur Independent, Roboto films, spécialisé dans le cinéma asiatique, propose deux premiers titres en combo DVD/BR, avec des masters restaurés, signés Kinji Fukasaku et produits par la compagnie Toei.
Ça commence sur des chapeaux de roue avec Violent Panic: The Big Crash, un polar totalement inédit en France, sorti au Japon en 1976. Fukasaku, qui a atteint la gloire avec des films de yakusas (Le Cimetière de la morale, Combat sans code d’honneur…) réalise ici un film de braquage frénétique, dans lequel deux voyous multiplient les pillages de banques et préparent un dernier coup avant de s’envoler pour le Brésil. L’opération échoue lamentablement, un des braqueurs et tué, écrasé par un camion et l’autre, traqué par la police, s’engage dans une fuite désespérée. Violent Panic: The Big Crash est violent, nihiliste, mal élevé (caractéristiques qu’on retrouve dans la plupart des films de Fukasaku), mais surtout il fourmille de trouvailles visuelles, de digressions narratives et brille par sa mise en scène énervée, qui propulse le spectateur dans un tourbillon d’émissions fortes. Mieux vaut tard que jamais pour découvrir ce petit chef-d’œuvre, qui réserve bien des surprises.
Shogun’s Samourai (1978) est un film relativement méconnu en France mais qui constitue une date importance dans le cinéma commercial nippon. Shogun’s Samourai relance, avec de gros moyens et une distribution de vedettes (Kinnosuke Nakamura, Sonny Chiba, Toshiro Mifune dans un rôle secondaire), la mode du « jidai-geki », film historique dont l’action se déroule durant l’époque Edo située entre 1603 et 1868. Fukasaku, dont c’est le premier « jidai-geki », apporte à ce genre traditionnel très codifié une certaine modernité et une agressivité typique de son style. Le film rencontra un immense succès commercial au Japon et sauva la Toei de la faillite. D’autres récits de samouraïs furent produits pour profiter de l’engouement suscité par le film de Fukasaku. Le cinéaste, tout en restant plus sage que dans ses films de yakuzas, insuffle ses effets de style (zoom, caméra portée) dans le contexte d’un film en costumes. Les thèmes de la violence et de la trahison, chers à Fukasaku, y font leur réapparition. Shogun’s Samourai est une épopée relatant la guerre entre deux frères pour devenir shogun en remplacement de leur père, mort empoisonné par l’entourage de l’aîné, désavoué par son propre géniteur. Une succession de complots et de scènes de combats, des multiples rebondissements et un souffle incroyable font de cette superproduction un film immanquable pour tous les amateurs de cinéma japonais.
« The Big Crash est violent, nihiliste, mal élevé »
même pas bien élevé ça doit être bien!
Mal élevé c’est plutôt un euphémisme quand on parle du cinéma de Fukasaku, mais c’est surtout un compliment !
Très curieux de connaître ce nouvel éditeur. Wild Side il y a quelques années nous avait permis de visionner LE CIMETIERRE DE LA VENGEANCE. Film hirsute, un peu confus par moments, utilisant systématiquement le décadrage et tres bien interprété par Tetsyua Watari qui optimisait là son physique massif, bourru aux airs butés.
C’était aussi, si je me souviens bien, un dénonciation assez tranchée de l’occupation américaine qui avait laissé prospérer ce système mafieux des Yakuzas.
Qu’en aviez vous pensé?
Le Cimetière de la morale : très bon film qui critiquait l’association contre-nature avec les Américains et la corruption politique, comme pas mal de productions japonaises des années 60-70.
Merci pour les informations concernant ces 2 films que je ne connaissais absolument pas et que je viens de commander chez Metaluna.