Horrible (titre français) est également connu sous les titres Absurd (pour l’international) et Rosso sangue (en Italie, son pays d’origine) : Dans les trois cas, le spectateur n’est pas trompé sur la marchandise. Le film, réalisé en 1981 par Joe D’Amato sous le pseudonyme de Peter Newton, est à la fois est horrible, absurde et sanglant. Il s’inscrit dans une trilogie « gore » de Joe D’Amato initiée par Blue Holocaust (1979, disponible en BR chez le même éditeur) et poursuivie par Antropophagous (1980) dont il est une fausse suite, hypothèse validée par le retour de l’ogre sanguinaire qui n’hésite pas à dévorer ses propres intestins si l’occasion se présente. Le croquemitaine est interprété par l’acteur italien à l’imposante stature George Eastman (alias Luigi Montefiori) que l’on peut considérer comme l’inventeur de son personnage et le co-auteur des deux films, dont il a écrit le scénario.
Avec Horrible, les intentions de Joe D’Amato et George Eastman sont clairement d’imiter Halloween et de proposer un « slasher » à l’américaine. Le personnage d’Edmund Purdom est un décalque du Dr. Loomis (Donald Pleasence) dans le film de John Carpenter, en moins efficace – il passe la majeure partie de son temps dans une voiture à poursuivre mollement le tueur fou. Des pseudonymes anglo-saxons, des fausses plaques minéralogiques et des scènes de remplissages comme des passages du super bowl à la télévision sont utilisées pour berner les spectateurs les plus crédules. Le film trahit pourtant ses origines italiennes par ses outrances, sa cruauté et son grain de folie propres aux séries Z transalpines, surtout quand elles sont signées Joe D’Amato. Il y a dans Horrible une violence délirante qui réjouira les inconditionnels de la « D’Amato’s Touch ».
Joe D’Amato, à la fois réalisateur, producteur et directeur de la photographie talentueux, fut un artisan passionné du cinéma bis italien et s’illustra dans de nombreux genres avec une prédilection pour le fantastique, l’horreur, l’érotisme et finalement la pornographie pour conclure une carrière riche de 200 films. Joe D’Amato a marqué de son empreinte toute une époque, celle où l’Italie produisait à la chaine des films de marché destinés à l’exportation. Malgré ses emprunts au cinéma américain, Horrible possède des idées originales, comme celle du tueur quasiment immortel dont le sang coagule et les cellules se renouvellent à une vitesse exceptionnelle, et une certaine imagination macabre dans les meurtres, même si on peut regretter une atmosphère moins malsaine que dans Blue Holocaust. L’image finale vient rappeler que même des films aussi peu « culturels » que ceux de D’Amato s’inscrivent dans une histoire de l’art pictural, avec la reproduction du motif de la décollation, souvent abordé dans la peinture sacrée de la Renaissance et de l’âge baroque. On peut appréhender Horrible comme le chant du cygne du « gore » italien.
ESC réhabilite avec cette belle édition combo DVD/BR un film méprisé mais qui connut beaucoup de succès dans les vidéos-clubs. Les suppléments permettent d’écouter David Didelot spécialiste français de la série Z italienne et surtout Luigi Montefiori (George Eastman) dans un long entretien où il revient sur sa longue collaboration et son amitié avec Joe D’Amato. Dans ce témoignage parfois émouvant, Montefiori ne se contente pas d’égrener des anecdotes ou des souvenirs confus mais se livre à une analyse très lucide du déclin du cinéma d’exploitation italien, des conditions médiocres de production des nombreuses séries Z dont il fut le protagoniste et désormais l’un des derniers survivants, avec un sens de l’autocritique et une nostalgie palpables.
Moins extreme que » Antropophagous » et moins puissant que » blue holocaust » , le film se laisse voir grace à Eastman toujours investi et malgré un scénario redondant . Je ne sais pas si vous avez remarqué une scène amusante pour les connaisseurs : A un moment un des protagonistes regarde la télé ce qui semble etre une scène de restaurant dans un soap opera quelconque . En réalité une scène soft d’un des nombreux pornos de D’amato tourné en république Dominicaine dans les années 80 avec Mark Shannon et Eastman et des actrices comme Annj Goren , Dirce Funari ou Lucia Ramirez . Des titres comme » Porno holocaust » ou » Orgasmo nero « . Sacré Joe qui réussit à recycler une de ses oeuvres en la détournant de son sens initial .
Oui. un coffret blu-ray (import) va bientôt proposer la série de films (souvent X) que Joe D’Amato a tourné à Saint-Domingue dans les années 70…