Olivier Père

Incubus de Leslie Stevens

Sur une île perdue habitée par des démons et des esprits, un homme (William Shatner, le capitaine Kirk de Star Trek) combat les forces du mal. Incubus (1966) de Leslie Stevens est une curiosité absolue. Il est l’un des deux seuls films jamais tournés en esperanto. Le premier, Angoroj, est un long métrage français produit deux ans plus tôt. L’esperanto (et sa prononciation défaillante par les comédiens) ajoute à l’étrangeté de ce film fantastique sur le thème de la sorcellerie, curieux mélange entre un épisode d’Au-delà du réel et le style austère d’un film de Bergman en noir et blanc (Le Septième Sceau, La Source). La référence à la célèbre série de science-fiction n’est pas fortuite, puisque le réalisateur Leslie Stevens en fut le créateur, après un premier long métrage de cinéma confidentiel mais apprécié par les cinéphiles de l’époque, Propriété privée (1960). La photo signée Conrad Hall est superbe. On découvre dans Incubus un mélange de prétentions artistiques et d’effets propres au cinéma d’exploitation, avec l’ajout de nudité féminine et de brèves séquences horrifiques pour rendre le film plus commercial, en vain – ce sera un échec cuisant qui connaîtra une exploitation presque nulle. Il semblerait que la France fut le seul pays où ce film américain fut distribué, dans quelques salles.

Le Chat qui fume propose une édition Blu-ray d’Incubus très soignée qui comblera le cinéphile amateur de raretés. Devenu quasiment invisible depuis un DVD épuisé depuis longtemps, le film a été restauré en 4K à partir de la dernière copie 35mm existante au monde, qui était celle de la distribution française. Le résultat est remarquable. Le film est accompagné de suppléments inédits (« le film maudit », « retour sur l’histoire d’Incubus » etc) qui apportent toutes les informations que réclament cette production rocambolesque, qui déclencha l’hilarité des spécialistes de l’espéranto invités à l’avant-première, tant la prononciation des acteurs était catastrophique. Une première édition limitée en UHD sera suivie d’une édition BR simple.

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10 commentaires

  1. MB dit :

    le film méritait d’être restauré, avec des images magnifiques
    le bonus de l’édition dvd sera repris j’espère (avec Conrad Hall et William Fraker qui débutait avec le 1er à son mètier de dir de la photo, et le producteur Anthony Taylor, il faisaient aussi le commentaire).
    INCUBUS est bien le 2ème film tourné en esperanto et non le tout 1er comme le prétendit Dionnet toujours dans la désinvolture, il y a eu quelques courts-métrages
    Ce film est maudit: à sa suite juste après le tournage l’acteur Milos Milos (l’incube) a assassiné sa maîtresse, l’épouse de Mickey Rooney, et s’est suicidé, Ann Atmar (Arndis) s’est suicidée peu après et la fille de Marina Habe (Amael) fut plus tard kidnappée, assassinée sans qu’on retrouve l’assassin, de plus la malédiction s’est poursuivie avec le sort de William Shatner, condamné à jouer dans 666 épisodes de STAR TREK.
    Les chefs d’oeuvres sont à ce prix.

  2. luciano menefrego dit :

    Cela n’a rien à voir avec Incubus, mais je constate, que Arte diffuse ce soir, 26 février, Laura, ce film mythique, comme vous l’écriviez en 2016, uniquement enVF !!!!
    Alors que n’importe quelle mauvaise chaîne généraliste diffuse tous les films américains en version multilingue, ça fout quand même les boules !

    • Olivier Père dit :

      c’est un film apporté par Arte Deutschland je croyais qu’ils avaient résolu le problème des versions livrées uniquement doublées visiblement ce n’est hélas pas le cas pour tous les films diffusés en prime time…

      • Olivier Père dit :

        La seule solution qu’on a trouvé pour ces films en VF uniquement c’est de les proposer en VOSTF en streaming sur le site d’ARTE.fr donc il faut le visionner sur le site pour avoir la version sous-titrée.

  3. Bertrand Marchal dit :

    Le seul conseil que je peux donner à toute personne suffisamment cinéphile pour estimer que certains films sont mythiques, c’est.. de les acheter en dvd et de les conserver, de les revoir, de les partager, de les transmettre…

  4. VG dit :

    Je ne pense pas qu’un dvd soit vraiment un support pérenne…

  5. MB dit :

    on sait qu’il y a de temps en temps un film en vf sur Arte, c’est un sur 100 alors c’est pas trop grave et on sait pourquoi depuis longtemps (voir réponse de Olivier) , quand on voit que ArteTV propose le film complètement délirant de Arthur Ripley dans le master magnifique du bluray de Kino Lorber (inédit en France), à savoir L EVADEE, moi je pardonne LAURA en vf.

    « VG dit :
    26 février 2024 à 19 h 34 min
    Je ne pense pas qu’un dvd soit vraiment un support pérenne… »
    Juste! tout à fait d’accord

  6. Comet dit :

    Commande immédiate auprès du Chat qui fume…

  7. luciano menefrego dit :

    Merci pour votre réponse, Olivier.

  8. Bertrand Marchal dit :

    J’ai vu ce film hier.

    C’est une expérience qui m’a laissé totalement froid. L’influence de Bergman est bien mal digérée. Un plan en particulier en témoigne: le jeux des visages de face et de profil entre les deux démones, une séquence si solennelle et apprêtée qu’elle en devient bouffonne. Ce plan résume l’esprit qui gouverne le film: il confond style et affèterie, profondeur et grandiloquence. Le choix de l’héroïne lui-même ne masque pas l’envie de marcher dans les pas du maître (similitude frappante avec Bibi Andersson).

    J’ignore le rapport de Stevens à l’esperanto, était-il un sincère adepte? Le fait est que sans cet artifice de langage, le film perdrait absolument tout son intérêt. Il est vrai que la mélodie des mots amène une bizarrerie bienvenue, mais son charme est limité: à ce niveau aussi, on ne dépasse pas l’effet, la note d’intention. Car, au fond, rien ne justifie l’usage de cette langue puisqu’elle est parlée à la fois par les hommes et les démons, comme le serait aussi bien le français ou l’anglais.

    Quant à l’histoire, et donc le sujet du film, c’est une superficielle approche des valeurs salvatrices (au sens propre!) de l’amour. Stevens développe des notions binaires qui font la toile d’un conte chrétien dont la moral simpliste enfonce des portes grandes ouvertes.

    Belle photo, maniérée elle aussi.

    Conclusion: je continue à fort me méfier des films « cultes » dont l’intérêt est généralement absurdement monté en épingle.

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